Journal de Bord Éternel

Journal de Bord Éternel, Les Garçons

01·10·2022

Je n’avais pas vu ce groupe d’ami.e.s depuis environ dix ans. On s’était perdu.e.s de vue à l’époque où leurs vies de famille commençaient.

Les amoureux post-lycée et leurs relations bien ancrées depuis des années. Les mariages qui se succédaient. L’arrivée des premiers enfants. Les soirées qui devenaient maintenant des dimanches après-midis. Tout cela à une époque où je commençais de mon côté à donner la priorité absolue à Kévin Bacon.

Je ne le voyais que le weekend. Ça a été notre fonctionnement jusqu’à l’année dernière. Et pendant très longtemps j’ai refusé la moindre invitation venant nous voler ce temps précieux.

Il n’y a eu ni heurts ni bagarre. À croire que je ne romps véritablement qu’avec mes amis gays. Nos chemins se sont simplement séparés jusqu’à ce rêve, l’an passé.

Invité à une soirée où je les retrouvais. C’était un signe. Comme toujours. Alors j’ai repris le contact. Je n’ai pas eu à donner d’explication sur mon absence. Juste à trouver des dates de disponibilité. Et après plusieurs tête-à-tête, nous avons réussi à tous nous réunir. Et c’était cool.

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Hier, un de mes amis du volley a vu une photo de moi et de Bradshaw sur Facebook et m’a demandé qui c’était. Je lui ai dit que c’était un ami avec lequel je n’étais plus en contact. Et en parcourant l’album des photos sur lesquelles je suis identifié, je peux dire que FB est le cimetière de toutes ces ruptures amireuses dont je parlais plus haut.

Journal de Bord Éternel, Psithurisme Nostalgique

Deux heures sans téléphone en 2022.

Mardi dernier, j’avais rendez-vous pour faire changer la batterie de mon téléphone à l’Apple Store des Champs-Élysées. C’était également l’occasion pour moi de faire l’une de mes fameuses virées shopping qui finissent en pieds défoncés par la marche et sacs chargés de nouvelles choses dont j’avais forcément absolument besoin… ou pas.

Mon rendez-vous était à 11h25. Et j’ai été prévenu à la fin de l’entretien que mon téléphone serait disponible à 13h30. Deux heures sans téléphone ? Une broutille.

Pensais-je.

Au sortir de l’Apple Store, direction la Fnac. Le disque dur externe qui me servait de coffre-fort et de boîte à souvenirs m’a laissé tomber. Moi et tout ce qu’il contenait. Aux oubliettes ! Il m’en fallait donc un nouveau.

Sur le chemin, une interrogation. Mais c’est quoi déjà le code de ma carte bleue ? Et quand l’avais-je tapé pour la dernière fois ?

Le Code de Carte Bleue.

Eh oui. Tout le problème du service Apple Pay m’explosait à la tête. Payer avec son téléphone sans sortir sa carte c’est pratique. Trop pratique. La contrepartie ? L’oubli probable du code.

Pour ne pas m’humilier à la Fnac, je décidai de faire une tentative d’achat par carte, avec le code, pour un coca. Alors pour celleux qui derrière leur écran seraient tentés de me hurler dessus que l’on n’utilise pas sa carte pour un aussi petit montant, le coca en bouteille de 50cl est à 3€50 sur les Champs-Élysées.

Oui, il faudrait réellement un Grenelle des prix en lieux touristiques.

Arrivé à la caisse, goutte de sueur sur le front, tapotement fébrile sur le pavé numérique. CODE BON. Merci Déesse.

La Carte de Fidélité.

À la Fnac, choix du disque dur plutôt simple. Et si j’en profitais pour me prendre les Mangas qui sont sur ma liste ?

Et en direction du rayon manga très sommaire de la Fnac des Champs, pause. Stop. Problème.

Ma carte de fidélité de la Fnac est dans mon téléphone. Et ça me fait un peu chi*r de ne pas l’utiliser sur les livres. Non pas que la réduction qu’elle offre sur les Livres me permette de rembourser le coca dispendieux, mais quand même.

Je m’interroge. Il n’est que midi, ce serait cool d’avoir un livre pour patienter. Hop ! Allons chercher ces tomes manquants et tant pis pour la carte de fidélité. Mais il n’y a rien, rien de rien. Et je me dirige en caisse avec le disque dur uniquement en me disant qu’au moins je n’aurais pas perdu une occasion de l’utiliser.

Mais la jeune fille en caisse me proposera quand même de retrouver mon compte sur son ordi. Ah la technologie…

L’Appareil Photo.

Déambuler dans Paris. C’est un peu mon sport préféré. Je m’offre très souvent de longues balades ponctuées de pauses photos – qui ne me serviront le plus souvent à rien, sauf à remplir ce téléphone qui me fait l’effet d’être gavé comme une oie.

Et justement. En descendant les Champs, je découvre la nouvelle boutique Lacoste, en lieu et place de l’ancien cinéma Gaumont Ambassade fermé en 2016. Jolie façade que je souhaitais immortaliser… foutre en story Instagram pour je ne sais quelle raison. Mais ?

Mais je n’ai pas mon téléphone/appareil photo. Décidément, ce téléphone c’est un putain de couteau suisse. Si tu ne l’as plus, tu n’as plus rien. Et c’est pour cela qu’aujourd’hui, on peut se permettre de porter des sacs-bananes et plus nos sacs à dos quand on part en vadrouille. On a juste à y mettre le téléphone et c’est bon, on a tout.

Allez, on continue son chemin et on regarde avec les yeux.

La Musique.

Le plus souvent quand je marche… parade dans Paris, je le fais avec mes écouteurs aux oreilles. Si j’écoute parfois de la musique, je les utilise surtout comme barrière pour me couper du monde, atténuer les bruits, dissuader les gens de m’approcher et me permettre de me laisser-aller à penser et changer le monde.

Mes écouteurs me permettent de créer cette bulle qui m’est nécessaire pour me retrouver avec Moi et simplement Moi au milieu de la foule.

Aujourd’hui, j’aurais pu les utiliser juste pour écouter de la musique mais… pas de musique sans téléphone. Et comme je n’ai pas trouvé mon petit iPod avant de partir de la maison, ma musique du jour sera la circulation automobile !

Il nous reste un peu plus d’une heure. Et si nous marchions jusqu’à la Fnac des Halles – maintenant que je sais que j’ai le bon code de carte et qu’ils peuvent retrouver ma carte de fidélité – ? Et achetons ces mangas !

Le podomètre.

Je marche beaucoup. Tout le temps. Toujours. Je prends très rarement le métro dans Paris parce que j’adore marcher avant de récupérer le métro qui m’amènera dans ma banlieue. Je repousse toujours un maximum le moment où je vais devoir rejoindre une station pour finir mon trajet.

Et j’adore voir grimper le nombre de pas sur l’application Santé. J’ai décidé il y a quelques mois d’arrêter de me servir de ma montre connectée parce qu’en plus de ne pas vouloir recevoir de notifications sur mon poignet, je ne trouve pas les montres connectées jolies. Qu’elles soient carrées ou rondes, cet écran noir a fini par me déplaire. J’y vois une homogénéisation de l’objet qui me rappelle ces threads sur Twitter sur la catastrophe qu’est le minimalisme en urbanisme.

Mais sans téléphone ou sans montre pour calculer mes pas, j’ai fait le choix complètement stupide, barré et comique… de prendre le métro. Avec cette phrase en tête : « je n’ai pas envie de marcher gratuitement ».

Je crois que c’est à peu près comme ça que s’éteindra notre civilisation dans cent ans. L’Idiocracy. Un jour on oubliera que l’on peut marcher sans podomètre.

J’ai assumé ce choix d’autant plus que je savais qu’une fois mon téléphone en main, j’allais refaire cet exact même trajet à pieds pour retourner sur Châtelet et surtout parce qu’il ne me restait qu’une heure maintenant. Un peu trop juste.

Oui, j’essaie de me justifier parce que très clairement, tout ce que je raconte est honteux.

Pas de distraction pour le trajet en métro.

Assis dans le métro, habituellement, je m’occupe avec une partie de Mario Kart ou quelques minutes de Duolingo. Je me souviens que plus jeune, je me servais de ces trajets pour laisser vagabonder mon imagination et créer des histoires dans ma tête. Mais ma Bibliothèque cérébrale est tellement pleine de fables que je ne sais plus où se trouve la réalité parfois.

Là, fixant l’infographie du trajet, j’avoue que je ne sais plus du tout à quoi j’ai pu penser hormis que le monsieur en face de moi était mignon et, comme toujours à Louvre-Rivoli, à ma rencontre avec l’Homme à la Bouteille en 2007 – oui, mon cerveau est une machine à voyager dans le temps fabuleuse.

Je n’ai finalement trouvé que deux livres à la Fnac des Halles et bien évidemment, aux caisses automatiques il n’était pas possible de rechercher un compte. J’accepte ce retour de bâton céleste pour toutes les inepties que j’ai pu raconter sur ce début de journée et sur l’image déplorable que je suis en train de donner de moi.

Le retour du téléphone prodigue.

De retour à l’Apple Store, j’ai pu récupérer mon téléphone, cet objet incroyable et fabuleux, magique et envoûtant. Responsable du futur arrêt de l’évolution humaine… Et à la nouvelle batterie presque vide.

Cette journée se fera donc sans lui. Juste moi. Et contrairement à ce que j’ai pu vous laisser croire, cela me va parfaitement.

Il est un peu après 13h30 et ma véritable journée va commencer. Téléphone en poche. Écouteurs dans les oreilles sans musique. Zéro notification. Je me lance dans ma grande marche-shopping habituelle. Seul avec moi-même, je ferai 15000 pas avant de rentrer à la maison.

J’irai des Champs-Élysées à Châtelet en passant par le Jardin des Tuileries. Je passerai chez Vans Beaubourg pour voir de près cette collection Sailor Moon qui coûte un saladier. Je marcherai jusqu’à la boutique de Carre’y qui sponsorise Drag Race France pour me prendre de nouvelles boucles d’oreilles. Puis cette supérette japonaise que j’aime bien pour une petite canette de soda Sailor Jupiter.

Et je rejoindrai Saint-Lazare pour rentrer à la maison.

Comme toujours, je passerai dans des coins où me sont arrivés mille merveilles et coeurs brisés. J’y repenserai avec le sourire en me disant qu’il faudrait que je créée enfin cette carte de mes souvenirs dans Paris.

Et je me rappellerai de 2007. Lorsque dans mon sac, je trimballais mon téléphone qui n’était pas encore intelligent, mon appareil photo numérique, mon lecteur mp3, un carnet de dessin, un pez Hello Kitty et mon portefeuille à scratch.

Kévin Bacon, Psithurisme Nostalgique

Le Coca ne protège pas du covid.

On avait réussi à y échapper. Depuis deux ans, les gens tombaient mais nous non. Nous résistions.

Mais le Covid allait finalement trouver un moyen de nous atteindre. Nous étions prévenus. Une nouvelle vague, un nouveau variant. T’es en danger, ma fille.

Tout a commencé mercredi matin, quand, à peine éveillé, Kévin Bacon m’a dit. Je me sens bizarre. Il s’est levé malgré tout et est parti s’installer à son bureau avant de revenir quelques minutes plus tard. Je ne me sens pas bien.

Pharmacie à peine ouverte, il y a fait un test. Confirmé à son retour. Positif.

Immédiatement arrêté, il s’est remis au lit. Date d’apparition des symptômes et calcul de la fenêtre de contagion. Forcément je devais être touché aussi.

Alors à mon tour, je suis allé me faire tester. Et quelques minutes après, mon résultat était négatif.

Nous avons donc dû réorganiser l’appart. Il a gardé la chambre et le lit. J’ai gagné le salon. Et tout le reste est devenu zone avec port du masque obligatoire.

Sa fièvre a monté et je me suis improvisé Infirmier à domicile. Et rappel : je suis la personne la plus maladroite et la plus flemmarde du monde, et en plus je ne sais rien faire de mes mains.

Pratiquement quatre jours de forte fièvre et de toux. Il est cloué au lit. Je surveille sa température. Lui donne des médicaments. J’aère constamment toutes les pièces. Et… je m’occupe de la cuisine.

Je rate chaque repas. Et pour un malade qui n’a pas perdu le goût, c’est l’enfer. On raconte ça et là que des groupes de soutien ont été montés pour venir en aide aux maris comme Lui…

De mercredi à lundi, je reste à l’isolement. Je suis cas contact même si l’application Anticovid ne me le dira jamais. J’annule tout ce que j’avais prévu. Je campe dans le salon, je dors en boule sur le canapé deux places. Je dessine. Je finis tout AppleTV+. Physical, Severance, je commence Loot. Sur Disney+, je mange tous les Wolverines, les deux Deadpools – c’est mauvais quand même hein…-. Sur Netflix, je commence Thermae Romae – drôôôle. Et je me fais tester tous les deux jours environ. À chaque fois, négatif.

L’idée que je viens d’une autre planète et/ou que le coca protège vraiment du Covid commence à me séduire. Kévin Bacon va mieux même s’il reste positif.

Mardi, je sors de mon isolement et décide de sortir un peu. Direction shopping. Je garde mon masque dans les magasins – je ne l’ai jamais enlevé dans le métro… -. Je me promène. Mais j’ai chaud et je commence à ne pas me sentir bien.

J’entre dans une pharmacie, me fais tester. Hop hop, tige dans le nez, terminé. Je trouve la jeune fille expéditive mais je me remets en route. Je me sens pas terrible et m’apprête à prendre un Doliprane. Il tombe par terre.

Rien à faire. Je le gobe et reprends mon chemin. Oui vous avez bien lu, advienne que pourra.

Toujours pas de réponse une heure après. J’appelle la pharmacie qui me dit que je suis négatif et que le résultat arrivera dans la soirée. Et effectivement, un message bien plus tard. À nouveau rassuré.

Mais, j’ai la gorge qui gratte et je me sens fatigué. Mon corps d’extraterrestre a-t-il transformé le covid en un autre truc ?

Mercredi, j’ai l’impression de n’avoir plus aucune force. Pas de fièvre mais j’ai mal partout.

Jeudi, fatigue. Mais alors une fatigue ! J’ai toujours eu la flemme de tout. Je l’ai déjà dit. Mais là, je suis sur un niveau d’asthénie absolu. J’accompagne quand même Kévin Bacon – toujours positif à J+8 – faire les courses en priant pour que personne ne me touche et surtout que je me cogne nulle part. Ce qui chez moi signifie que je suis bien malade.

J’en profite pour passer à la pharmacie et me faire à nouveau tester. Franchement, c’était LA semaine pour lancer un programme de fidélité.

À peine rentré à la maison, je reçois la ribambelle de SMS du SIDEP.

C’est la fin. Je suis positif. Je ne viens pas d’une autre planète. Le coca rouge ne protège pas du Covid. Je n’ai juste pas les mêmes symptômes que Kévin Bacon. Brett, je suis touchée.

– Fin de l’épisode –

Beur-Boy restera-t-il positif longtemps ? Pourra-t-il se rendre en Normandie avec les garçons du volley pour le 14 Juillet ? Récupèrera-t-il ses pouvoirs magiques ? Et surtout surmontera-t-il sa déception de découvrir que boire du coca n’a absolument aucun avantage ?

Vous le saurez, au prochain épisode.

Journal de Bord Éternel

Beur-Boy 16.

C’est à Saint-Jean-de-Luz. En 2006. Que m’est venue l’idée de créer Beur-Boy.

Je tenais alors déjà un blog très personnel depuis longtemps, véritable journal intime en ligne. J’y racontais ma petite vie dans laquelle rien ne se passait réellement. Juste cent coups de foudre à la minute et mille désillusions. J’étais Lonely in Gorgeous, du nom de la chanson de Tommy February6 et mon pseudo était une référence à Pavel Novotny, apollon du porno gay des années 2000.

Mais j’avais l’impression de ne pas être complet. Il me manquait quelque chose.

J’avais ressenti, à l’époque, le besoin de créer quelque chose qui me corresponde à 100%. Qui embrasse toutes mes identités. Tout ce que je pensais (devoir) être alors. Un jeune homme gay, de couleur et de banlieue. Et ce quelque chose devait aussi me permettre d’être plus cru – ce que je m’interdisais alors car mon blog était lu par mes amies.

Et c’est ainsi qu’à l’été 2006, à Saint-Jean-de-Luz, alors que j’étais en vacances avec Cayetano, qu’est né Beur-Boy.

À mon retour. Je me suis immédiatement inscrit sur Blogspot. Et j’ai commencé à y écrire sous ce nouveau nom.

Ce n’était pas (encore) un journal intime. Juste un amas nébuleux de ce que j’aimais, de ce que je regardais, de ce que j’écoutais et de ce que je transpirais comme fantasmes. J’y parlais de tout. De garçons, de porno, de Beyoncé,… J’y postais des dessins et des photos olé olé.

J’avais lâché sur internet, à force de toujours être un gentil garçon lisse et propre sur lui, une sorte de monstre, nourri par mes frustrations. Dr. Jekyll & Mr. Hyde.

Et ça a marché. J’ai été suivi. Commenté. Et fantasmé.

Mais derrière cet écran, j’étais, en réalité, un jeune homme candide, incapable d’être un tantinet casual au sujet du sexe. Je devais composer. Toujours surjouer.

Beur-Boy était un nom bien trop large et sulfureux à porter pour moi.

J’ai joué le rôle. Jusqu’à ce que, petit à petit, je réussisse à diluer le tout. À l’affiner. Beur-Boy {X} est devenu Beur-Boy {Intime} (2007). Et l’Intime a disparu quand, enfin je pus accorder le tout et être réellement moi-même derrière le clavier.

Et alors que je reviens tout juste de Saint-Jean-de-Luz, où Cayetano s’est marié, j’ai repensé à tout cela.

Mon blog précédent avait été comme une fenêtre sur le monde. Beur-Boy a été une porte. M’enjoignant à sortir de ma Forteresse de Solitude. À aller à la rencontre des autres. Les pédébloggueurs. Les Garçons. Comme je les appelle encore souvent ici.

C’était dans un autre espace-temps. Les réseaux sociaux n’avaient pas encore tout détruit. L’Instantanéité et les Algorithmes ne jouaient pas contre nous. Nous nous appliquions à écrire nos billets. D’humeur ou d’humour. À nous répondre. À interagir les uns les autres. À raconter nos histoires. À partager des parties de nous que nous ne dévoilions pas in real life.

Seize ans plus tard. Les Temps ont changé. Il reste une poignée de ces pédébloggueurs. Sommes-nous des survivants ? Où d’incorrigibles nostalgiques s’accrochant à une période révolue ? Période qui touchait déjà à sa fin lorsque je suis arrivé ?

Peu importe. Peu importe comment nos histoires ont fini. Peu importe même, les réactions lorsque je dis que j’écris toujours sur mon blog.

Beur-Boy a été très important pour moi. C’est mon endroit. J’y suis toujours revenu. Et j’y reviendrai toujours.

C’est mon endroit.

*

Voici quelques photos que j’ai retrouvées. Si j’utilise aujourd’hui un gif pour accompagner chacun de mes billets, à l’époque par contre, je partageais volontiers des photos. Et j’étais particulièrement dévêtu, c’est incroyable.

  1. Capture d’écran de Beur-Boy {X} datant de Juillet 2007.
  2. Capture d’écran de Beur-Boy {Intime} datant d’Octobre 2007.
  3. Capture d’écran de Beur-Boy {Intime} datant d’Octobre 2007.
  4. Capture d’écran de Beur-Boy {Intime} datant d’Octobre 2007.
  5. Capture d’écran du blog de Baron Rouge la fois où il avait écrit ses billets en utilisant le style de chaque pédébloggueur. Barry nous a quitté il y a quelques années et j’ai un trou dans mon coeur.
  6. Cette barre de chocolat avait été léchée par Thanos. Pédébloggueur incontournable.
  7. J’étais célibataire, mince et impudique.
  8. La bouteille à la mer que j’ai lancée dans un de mes billets et qui m’a permis de rencontrer L’Homme à la Bouteille.
  9. J’ai toujours ce slip, plié dans un tiroir. Faire offre. hu hu
  10. Ma participation au calendrier des pédébloggueurs. J’adorais ces idées, comme celle des cartes postales.
  11. Photo de la Marche des Fiertés de 2008 prise par Peio.
  12. Mon réveil après le Plan K. Grand moment de l’été 2007 ou comment je suis rentré chez mes Parents avec pas moins de cinq suçons dans le cou.
  13. Je ne sais pas si à l’époque je mettais autre chose que ce slip et ces converses.
  14. Sensitif avait parlé de moi. J’étais touché donc forcément -> photo dénudée.
  15. La marque Vilain Garçon m’envoyait des T-shirts. Influenceuse avant l’heure.
  16. J’avais posté cette photo pour illustrer un billet sur mon bain. *gêne*

Quelle époque.

Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

Ce serait tellement plus simple si les Garçons étaient des plantes.

Je crois que j’ai remplacé les Garçons par des plantes.

C’est ce que je me suis dit tout à l’heure. Quand. Pour la première fois de ma vie, j’ai pensé que j’en avais trop.

Je dis cela parce que je me souviens que je n’en avais pas autant avant. Comme beaucoup. J’ai commencé avec un petit ficus de chez Ikea. Benjamin. Mais il n’a pas duré longtemps.

La plus ancienne de mes plantes remonte à 2009. J’avais acheté deux plantes près de mon travail. Un zamioculcas zamiifolia et une fougère. De tous petits bébés.

La fougère s’est mise à sécher quand ça n’allait pas bien et est morte peu après la rupture. Je reste persuadé qu’elle avait pressenti la fin de mon histoire avec Jolies Lèvres.

Je ne pensais pas avoir la main verte. Mais d’une seule plante je suis aujourd’hui arrivé à 34. Oh, il y a bien eu des pertes. Mais je crois que nous avons trouvé comment nous entendre elles et moi.

Ce que, aujourd’hui encore, je n’arrive pas à faire avec les garçons qui entrent dans ma vie en quête d’amitié.

Entre nous. Ce serait tellement plus simple si tout le monde était une plante.

Parce que là je suis complètement perdu.

Mélancolie Apocalypse

Celui dont on ne se rappelait jamais de l’anniversaire.

C’est une histoire assez triste. Qui survient chaque année. Le même jour. Le 2 décembre.

J’attends les messages mais ils n’arrivent pas. La journée passe et la déception s’accroit. Et à 23h59. Alors qu’il ne reste plus qu’une minute. Je pense à ceux qui m’ont oublié. Je perds tout espoir et file me coucher.

Cela fait maintenant longtemps que je n’aime plus cette journée.

Parce que les absents éclipsent toujours les présents. Parce que cela m’attriste tous les ans. Parce que plus je vieillis et plus j’ai honte d’y faire attention.

Ce n’est pas l’histoire d’un petit garçon qui voudrait qu’on le célèbre. C’est celle d’un adulte qui ne voulait pas qu’on l’oublie.

Je m’étais pourtant promis de ne pas me laisser happer cette année. Mais c’était pareil l’an dernier. Et l’année d’avant…

Je dois vraiment être une personne en carton.

J’ignore ce qui cloche chez moi. Je pense sincèrement être quelqu’un de bien. Au moins assez bien pour que l’on me souhaite mon anniversaire. Que l’on note la date quelque part. Que l’on se fixe un rappel dans son téléphone.

Pourquoi et comment est-ce que moi j’arrive à me souvenir de toutes les dates ?

J’ai toujours l’impression d’être un extra-terrestre, d’avoir manqué quelque chose, d’avoir mal fait ou pas assez. Ou tout simplement de ne pas mériter.

Comme je m’étais vraiment rendu malade les deux dernières années, j’ai voulu être irréprochable cette fois. Je l’ai souhaité à tout le monde. Ils et Elles ont toutes eu leur message. Tous. Les proches. Les moins proches. Les virtuels que j’apprécie. Les ex-amis et les ex-amoureux qui ne m’ont pas ghosté. Regarde ton téléphone et trouve le message que je t’ai envoyé.

Je m’étais dit qu’en étant irréprochable, on ne m’oublierait pas. Que cette année enfin j’aurais ce putain de message à la con qui signifie apparemment tellement pour moi sans que je comprenne réellement pourquoi.

Ma Mère, mes deux frères, leurs femmes, mes deux nièces d’amour, mon Mari, mes quatre meilleures amies, mes deux meilleurs amis, mes deux chéris suisses, deux ex-collègues, deux amies perdues de vue et un garçon du volley que je connais depuis deux mois et que j’ai vu en tout et pour tout 5 fois. Ils me l’ont tous souhaité.

Je devrais être heureux.

Mais si vous saviez le monde qu’il manque. Quand tu fais le compte pendant la dernière minute. À 23h59, le 2 décembre et que tu as l’impression qu’un univers t’a oublié.

Ou rayé ?

J’ai fait comme si de rien était. Et je me suis couché. Mais je n’arrivais pas à dormir. La tristesse mêlée à cette énorme frustration de ne pas comprendre pourquoi.

C’est Kévin Bacon qui m’a convaincu de poster mes photos d’anniversaire sur Instagram. Je ne voulais pas rappeler aux gens qu’ils m’avaient oublié, cette année encore. Seulement. Voir tous ces messages affluer deux jours après. Deux jours trop tard. M’a fait plus de mal que de bien.

Il fallait donc qu’une nouvelle fois ce soit moi qui hurle à l’univers que c’était mon anniversaire.

J’ai répondu aux messages avec de jolis smileys alors que j’avais simplement envie de désactiver mon compte et de disparaître. À nouveau. Comme je l’avais fait en 2009.

Oslo Ohara, all over again.

Depuis plusieurs jours. Je sens la rouille se propager. La corrosion. Je n’arrive pas à évacuer cette amertume. Ça me ronge. Mais je ne dois rien laisser paraître. Et si j’écris tout cela ici, sur ce blog bien caché, c’est parce que j’avais besoin de le sortir. Et donc ça ne t’est pas réellement destiné.

Quoi qu’il arrive. Je ferai comme si de rien était.

C’est notre petit secret.