Journal de Bord Éternel

Beur-Boy 16.

C’est à Saint-Jean-de-Luz. En 2006. Que m’est venue l’idée de créer Beur-Boy.

Je tenais alors déjà un blog très personnel depuis longtemps, véritable journal intime en ligne. J’y racontais ma petite vie dans laquelle rien ne se passait réellement. Juste cent coups de foudre à la minute et mille désillusions. J’étais Lonely in Gorgeous, du nom de la chanson de Tommy February6 et mon pseudo était une référence à Pavel Novotny, apollon du porno gay des années 2000.

Mais j’avais l’impression de ne pas être complet. Il me manquait quelque chose.

J’avais ressenti, à l’époque, le besoin de créer quelque chose qui me corresponde à 100%. Qui embrasse toutes mes identités. Tout ce que je pensais (devoir) être alors. Un jeune homme gay, de couleur et de banlieue. Et ce quelque chose devait aussi me permettre d’être plus cru – ce que je m’interdisais alors car mon blog était lu par mes amies.

Et c’est ainsi qu’à l’été 2006, à Saint-Jean-de-Luz, alors que j’étais en vacances avec Cayetano, qu’est né Beur-Boy.

À mon retour. Je me suis immédiatement inscrit sur Blogspot. Et j’ai commencé à y écrire sous ce nouveau nom.

Ce n’était pas (encore) un journal intime. Juste un amas nébuleux de ce que j’aimais, de ce que je regardais, de ce que j’écoutais et de ce que je transpirais comme fantasmes. J’y parlais de tout. De garçons, de porno, de Beyoncé,… J’y postais des dessins et des photos olé olé.

J’avais lâché sur internet, à force de toujours être un gentil garçon lisse et propre sur lui, une sorte de monstre, nourri par mes frustrations. Dr. Jekyll & Mr. Hyde.

Et ça a marché. J’ai été suivi. Commenté. Et fantasmé.

Mais derrière cet écran, j’étais, en réalité, un jeune homme candide, incapable d’être un tantinet casual au sujet du sexe. Je devais composer. Toujours surjouer.

Beur-Boy était un nom bien trop large et sulfureux à porter pour moi.

J’ai joué le rôle. Jusqu’à ce que, petit à petit, je réussisse à diluer le tout. À l’affiner. Beur-Boy {X} est devenu Beur-Boy {Intime} (2007). Et l’Intime a disparu quand, enfin je pus accorder le tout et être réellement moi-même derrière le clavier.

Et alors que je reviens tout juste de Saint-Jean-de-Luz, où Cayetano s’est marié, j’ai repensé à tout cela.

Mon blog précédent avait été comme une fenêtre sur le monde. Beur-Boy a été une porte. M’enjoignant à sortir de ma Forteresse de Solitude. À aller à la rencontre des autres. Les pédébloggueurs. Les Garçons. Comme je les appelle encore souvent ici.

C’était dans un autre espace-temps. Les réseaux sociaux n’avaient pas encore tout détruit. L’Instantanéité et les Algorithmes ne jouaient pas contre nous. Nous nous appliquions à écrire nos billets. D’humeur ou d’humour. À nous répondre. À interagir les uns les autres. À raconter nos histoires. À partager des parties de nous que nous ne dévoilions pas in real life.

Seize ans plus tard. Les Temps ont changé. Il reste une poignée de ces pédébloggueurs. Sommes-nous des survivants ? Où d’incorrigibles nostalgiques s’accrochant à une période révolue ? Période qui touchait déjà à sa fin lorsque je suis arrivé ?

Peu importe. Peu importe comment nos histoires ont fini. Peu importe même, les réactions lorsque je dis que j’écris toujours sur mon blog.

Beur-Boy a été très important pour moi. C’est mon endroit. J’y suis toujours revenu. Et j’y reviendrai toujours.

C’est mon endroit.

*

Voici quelques photos que j’ai retrouvées. Si j’utilise aujourd’hui un gif pour accompagner chacun de mes billets, à l’époque par contre, je partageais volontiers des photos. Et j’étais particulièrement dévêtu, c’est incroyable.

  1. Capture d’écran de Beur-Boy {X} datant de Juillet 2007.
  2. Capture d’écran de Beur-Boy {Intime} datant d’Octobre 2007.
  3. Capture d’écran de Beur-Boy {Intime} datant d’Octobre 2007.
  4. Capture d’écran de Beur-Boy {Intime} datant d’Octobre 2007.
  5. Capture d’écran du blog de Baron Rouge la fois où il avait écrit ses billets en utilisant le style de chaque pédébloggueur. Barry nous a quitté il y a quelques années et j’ai un trou dans mon coeur.
  6. Cette barre de chocolat avait été léchée par Thanos. Pédébloggueur incontournable.
  7. J’étais célibataire, mince et impudique.
  8. La bouteille à la mer que j’ai lancée dans un de mes billets et qui m’a permis de rencontrer L’Homme à la Bouteille.
  9. J’ai toujours ce slip, plié dans un tiroir. Faire offre. hu hu
  10. Ma participation au calendrier des pédébloggueurs. J’adorais ces idées, comme celle des cartes postales.
  11. Photo de la Marche des Fiertés de 2008 prise par Peio.
  12. Mon réveil après le Plan K. Grand moment de l’été 2007 ou comment je suis rentré chez mes Parents avec pas moins de cinq suçons dans le cou.
  13. Je ne sais pas si à l’époque je mettais autre chose que ce slip et ces converses.
  14. Sensitif avait parlé de moi. J’étais touché donc forcément -> photo dénudée.
  15. La marque Vilain Garçon m’envoyait des T-shirts. Influenceuse avant l’heure.
  16. J’avais posté cette photo pour illustrer un billet sur mon bain. *gêne*

Quelle époque.

4 thoughts on “Beur-Boy 16.

  1. Oh la réminiscence des années 2000, de toutes ces heures de lecture que j’ai passées chez tous les pédéblogueurs jusqu’à des heures indues tard dans la nuit… La lecture des pédéblogs, dont le tiens, m’a aidé à m’accepter et m’assumer, avant de pouvoir m’épanouir…
    Temps révolu où l’on écrivait en 3 paragraphes une émotion qu’on représente maintenant en un ou deux emojis légendant une photo perdue dans un flux continu sur insta.
    Cette belle époque me manque parfois, ça fait d’autant plus plaisir de voir des jolis billets comme ça réapparaître ponctuellement chez les « anciens ». <3 :*

  2. Mouahahaha, c’est clair que Beur-Boy a fait marché à FOND la machine à fantasmes !!! Lolilol 😀 Même si le truc vu aujourd’hui et rétrospectivement apparaît comme super restrictif et tellement réducteur quand on pense à toi choupi !!!

  3. Yod’ah : J’ai l’impression que nos blogs nous ont mutuellement aidés à nous accepter et nous assumer. C’est vraiment ce que je retire de cette époque. Ça et le fait qu’effectivement je passais mes nuits à écrire et à lire. 😀

  4. Matoo : Je te jure, j’ai relu des archives, je ne sais pas qui était cette personne, j’avais envie de me claquer. 😀

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