Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

iwak #8 – dents.

C’est un souvenir spécial pour moi.

« Dents » me renvoie à « Dents de la Mer ». Le film projeté dans cette salle. Dans ce village de vacances dans lequel nous étions allés quand j’avais neuf ans.

J’avais sympathisé avec Alban, belge costaud de quinze ans. Costaud-carré-rugby, en opposition avec mon propre corps filiforme de l’époque.

Ce jour-là, il n’y avait personne dans la salle TV. Et après s’être fait écouter des trucs sur nos baladeurs, nous avons commencer à parler de son grand frère (pour qui je craquais complètement).

De fil en aiguille, d’une conversation à l’autre, nous nous sommes retrouvés à mimer des baisers. Moi, assis sur ses genoux.

Mimer, parce que nous apposions nos mains sur la bouche de l’autre.

Lorsque je me suis levé de ses genoux, je me suis aperçu qu’Alban avait une érection. Et il faisait nul doute alors que ça lui avait plu.

Si je pouvais retourner dans le temps, je l’embrasserais pour de vrai.

Depuis lors, « Les Dents de la Mer » me ramène toujours dans cette salle, à ce moment précis.

La Librairie Infinie, Mascara for Masc, Psithurisme Nostalgique

iwak #7 – fantaisie.

Un peu de fantaisie
Juste un peu de magie
Un éclair et c’est tout
Et Creamy va chanter pour vous

Celle par qui tout est arrivé. Creamy, Merveilleuse Creamy. Ma toute première Magical Girl. Celle qui a scellé mon destin de jeune homosexuel à paillettes dans les cheveux et étoiles dans les yeux.

Je tournoyais et tournoyais sans cesse. Dessinant des clefs de sol en l’air. Allant jusqu’à cacher deux peluches dans ma capuche pour aller acheter le pain parce que c’était comme cela qu’elle emportait partout ses deux chatons, Sisi et Sinon.

Je rêvais d’avoir des pouvoirs magiques. De pouvoir me transformer comme elle. Et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps quand, à la fin de la série, Yu/Creamy donne son dernier concert et dit au revoir à ses deux chatons.

Je n’ai jamais oublié ce dessin animé comme je n’ai, je pense, jamais perdu cette âme de petit garçon-kawaii. Et à bientôt 38 ans, je reste toujours un Magical Boy, comme le précise ma bio sur le côté.

Pampilulu Pimpulu Pampumpam !

Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

iwak #6 – rongeur.

Dis, est-ce que tu te souviens de ce date au cinéma ? On s’était mis d’accord un soir sur MSN. On irait se voir un film ensemble.

Perdue dans nos conversations sans queue ni tête, entre notre façon de nous « taquiner » et ma façon d’être raide dingue de toi. Cette idée d’aller voir Ratatouille tous les deux un jour gris de Novembre 2007.

C’était après ma rupture avec l’Homme à la Bouteille. Cette période où je me sentais tellement seul que j’en avais mal.

On s’était retrouvés dans cette salle de ciné. Entourés de familles. Et manifestement, nous n’avions pas compris la même chose de notre conversation.

Mais tu as commencé à m’allumer et je me suis laissé faire.

Je ne me souviens pas du tout du film. Je ne l’ai jamais revu. Et ne le reverrai jamais. Mais je sais juste qu’il parlait d’un rongeur, d’un rat.

Et que Toi et moi avions beaucoup ri du bruit de ma ceinture qui se défait.

Psithurisme Nostalgique

iwak #5 – lame.

C’est une phobie qui est née il y a très peu de temps. Il y a tout au plus trois ans. J’ignore comment et pourquoi. Et ce qui l’a déclenchée.

J’ai (maintenant) peur des couteaux.

Pas de m’en servir, d’en utiliser ou de devoir en porter. Je n’ai pas peur d’en voir ni même d’en toucher.

Par contre, dès qu’une personne en manipule un devant moi, je fais un pas en arrière et m’écarte. C’est irrationnel.

J’ai peur que la personne me poignarde avec.

Je vois les gens pris d’un coup de folie se tourner vers moi et je peux sentir le froid de la lame qui s’enfonce dans mon ventre.

Cela peut être ma Mère, mon Père ou Kévin Bacon préparant à manger. Peu importe. J’ai cette vision avec toute personne usant d’un couteau.

Ca n’a tellement pas de sens que je crois que quelque part. Dans une autre vie. L’un.e de mes Moi(s) a dû se faire poignarder.

Et depuis que c’est remonté à la surface, je ne suis pas à l’aise face à quelqu’un qui tient un couteau.

Mascara for Masc, Psithurisme Nostalgique

iwak #4 – radio.

Je déteste la radio. Je la trouve insupportable.

Je ne l’écoute plus depuis au moins vingt ans. Des voix sans image. Du bruit. Les mêmes morceaux de musique en boucle. Tronqués et entrecoupés de publicités.

Mais ça n’a pas toujours été le cas.

La radio. Pour moi, c’était ces moments à attendre qu’un morceau que je guettais passe enfin pour pouvoir l’enregistrer sur cassette. Je me faisais des compils que j’écoutais avec mon baladeur.

La radio c’était aussi les petites annonces gaies sur Radio FG. Je ne sais plus exactement comment j’étais tombé dessus. Mais je me souviens que je les écoutais en cachette, dans ma chambre, très tard le soir, sur mon radio-cassette.

Entendre des personnes parler librement de leur vie, de leur sexualité me faisait du bien. J’avais l’impression d’être enfin raccordé à des gens comme moi, de ne plus être perdu et seul.

La radio, c’était la première fois où j’entendais des gens dire qu’ils étaient auto-reverse.

Et cette nostalgie qui m’envahit en écrivant cela…

Kévin Bacon, Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

iwak #3 – épais, massif.

J’avais l’impression qu’il n’y avait qu’Ekkooo qui pouvait taire ma soif de câlins. Et je ne savais pas exactement pourquoi.

Je mettais tout cela sous le compte de l’alchimie. Et je pensais que sa peau, son grain et son parfum, stimulaient la mienne pour m’apaiser. J’en avais constamment besoin.

Et puis j’ai compris. Il était massif. Et en me lovant dans ses bras, il pouvait tout faire disparaître. Ma tristesse, ma solitude, tous mes sentiments.

Ekkooo pouvait me faire disparaître.

Lorsque j’ai fui les Garçons. Rompu avec eux et perdus. J’ai progressivement empêché quiconque de me reprendre dans ses bras.

Et je suis devenu cette personne qui déteste qu’on la touche.

A l’exception de Kévin Bacon.