Psithurisme Nostalgique

Psithurisme Nostalgique

iwak #5 – lame.

C’est une phobie qui est née il y a très peu de temps. Il y a tout au plus trois ans. J’ignore comment et pourquoi. Et ce qui l’a déclenchée.

J’ai (maintenant) peur des couteaux.

Pas de m’en servir, d’en utiliser ou de devoir en porter. Je n’ai pas peur d’en voir ni même d’en toucher.

Par contre, dès qu’une personne en manipule un devant moi, je fais un pas en arrière et m’écarte. C’est irrationnel.

J’ai peur que la personne me poignarde avec.

Je vois les gens pris d’un coup de folie se tourner vers moi et je peux sentir le froid de la lame qui s’enfonce dans mon ventre.

Cela peut être ma Mère, mon Père ou Kévin Bacon préparant à manger. Peu importe. J’ai cette vision avec toute personne usant d’un couteau.

Ca n’a tellement pas de sens que je crois que quelque part. Dans une autre vie. L’un.e de mes Moi(s) a dû se faire poignarder.

Et depuis que c’est remonté à la surface, je ne suis pas à l’aise face à quelqu’un qui tient un couteau.

Mascara for Masc, Psithurisme Nostalgique

iwak #4 – radio.

Je déteste la radio. Je la trouve insupportable.

Je ne l’écoute plus depuis au moins vingt ans. Des voix sans image. Du bruit. Les mêmes morceaux de musique en boucle. Tronqués et entrecoupés de publicités.

Mais ça n’a pas toujours été le cas.

La radio. Pour moi, c’était ces moments à attendre qu’un morceau que je guettais passe enfin pour pouvoir l’enregistrer sur cassette. Je me faisais des compils que j’écoutais avec mon baladeur.

La radio c’était aussi les petites annonces gaies sur Radio FG. Je ne sais plus exactement comment j’étais tombé dessus. Mais je me souviens que je les écoutais en cachette, dans ma chambre, très tard le soir, sur mon radio-cassette.

Entendre des personnes parler librement de leur vie, de leur sexualité me faisait du bien. J’avais l’impression d’être enfin raccordé à des gens comme moi, de ne plus être perdu et seul.

La radio, c’était la première fois où j’entendais des gens dire qu’ils étaient auto-reverse.

Et cette nostalgie qui m’envahit en écrivant cela…

Kévin Bacon, Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

iwak #3 – épais, massif.

J’avais l’impression qu’il n’y avait qu’Ekkooo qui pouvait taire ma soif de câlins. Et je ne savais pas exactement pourquoi.

Je mettais tout cela sous le compte de l’alchimie. Et je pensais que sa peau, son grain et son parfum, stimulaient la mienne pour m’apaiser. J’en avais constamment besoin.

Et puis j’ai compris. Il était massif. Et en me lovant dans ses bras, il pouvait tout faire disparaître. Ma tristesse, ma solitude, tous mes sentiments.

Ekkooo pouvait me faire disparaître.

Lorsque j’ai fui les Garçons. Rompu avec eux et perdus. J’ai progressivement empêché quiconque de me reprendre dans ses bras.

Et je suis devenu cette personne qui déteste qu’on la touche.

A l’exception de Kévin Bacon.

Psithurisme Nostalgique

iwak #2 – brin, mèche.

Mon rêve idiot d’adolescent – adolescente* futile, c’était d’avoir les mèches sur les yeux. J’enviais les personnages de mangas et leurs cheveux raides.

Et je ne comprenais pas pourquoi mes frères et moi ne partagions pas la même nature de cheveux. Souples et lisses pour les leurs, secs et frisés pour les miens.

Je voulais que mes cheveux forment des mèches et ondulent au vent. La vérité. C’est que même sous la plus forte des tempêtes, ils ne bougeaient pas.

J’ai massacré mes cheveux pour qu’ils reflètent l’image de moi que j’avais à l’intérieur. Je les ai lissés et lissés comme je le pouvais. Au sèche-cheveux, au lisseur, ou même simplement en dormant avec un bonnet. J’ai passé mes trois années de lycée à les torturer sans cesse.

Puis l’arme ultime. La bombe atomique pour cheveux. Le défrisage.

Je les ai défrisés jusqu’à les tuer un beau jour de 2006. Le jour où je suis arrivé au travail avec une casquette que j’ai refusé de retirer.

Et au moment où j’ai découvert qu’avoir les cheveux frisés et bouclés pouvait être joli. Au moment, où je me suis décidé à les laisser vivre leur vie…

Mme Calvitie la connasse est arrivée.

Cette saloperie.

* je n’ai jamais été une fille, mais je crois pouvoir dire que je n’ai pas non plus été un garçon-garçon étant plus jeune.

Journal de Bord Éternel, Psithurisme Nostalgique

iwak #1 – poisson.

Je suis le mouvement découvert chez Matoo et initié par Kozlika.

Je fais déjà Inktober pour les dessins mais je trouvais fun de le faire aussi sous cette forme. Voir ce que je peux écrire juste en pensant à un mot et quels souvenirs cela fera ressurgir.

C’est parti pour l’Inktober With A Keyboard – #iwak.

***

Mon premier souvenir de moi à l’eau remonte à mes cinq ans. L’année où mon petit frère, quatre ans, se lançait pour la première fois sans ses brassards.

Je nageais déjà très bien.

C’était à la piscine de la résidence de vacances au Cap d’Agde. Et nous y sommes allés deux ans à la suite.

Papa nous a appris à nager très tôt. Je crois qu’il voulait que nous devenions de parfaits poissons.

Mais. Bien sûr, moi je voulais être une sirène.

Mélancolie Apocalypse, Psithurisme Nostalgique

Delete Forever?

J’avais besoin de ces trois semaines de vacances.

A vrai dire. Peu m’importait l’endroit. Je souhaitais marquer une pause. Et ne plus penser. L’espace de quelques jours. A tout ce qui m’alourdissait.

Comme une fin de saison typique d’une série américaine prévisible. Une accumulation d’événements et de coïncidences me menait à une situation difficile à gérer.

J’étais épuisé. Et j’avais besoin d’un moment.

La situation anxiogène globale concernant le Virus. L’absence de vision claire. Des scènes du quotidien ressemblant maintenant à celles de films de science-fiction. Des masques partout. Tout le temps.

Le petit mal de tête autrefois anodin qui crée la panique et te pousse tantôt à ne pas faire la bise à tes parents vulnérables de peur de les infecter. Et tantôt à vouloir carrément t’isoler au cas où.

Mais tu ne peux pas t’isoler. Tu veux être là pour aider un maximum tes parents qui vieillissent. Parce que tu sais que ce n’est que le début. Et au détour d’une conversation, pour expliquer à une amie ce qu’est Alzheimer, tu mets finalement à haute voix des mots sur ce qui arrive à ton Père.

Chaque jour, il va perdre en autonomie. Et paradoxalement, chaque jour, il ira mieux que le lendemain.

Alors, oui. Tu souris aujourd’hui parce que pendant quelques minutes il t’a confondu avec un vieil ami et t’a demandé en quelle année tu étais arrivé en France. Mais quand ton sourire s’estompe, tu saisis aussi qu’un jour il n’y aura plus rien. Plus un seul souvenir. Ni de ce vieil ami. Ni de toi.

Tu habites le plus près. Et tu vis seul. Tu n’as pas (encore) lancé ta famille. Alors tu te dis que tu dois aider un maximum. Mais tu ne te reposes pas assez. Parce que tu crois comme toujours que tu es invincible et/ou sept personnes à la fois.

Et puis. Les nouvelles au boulot ne sont pas bonnes. Tes perspectives d’évolution au travail s’amoindrissent. Le virus a, là aussi, tout balayé. Et tu apprends quelques jours avant tes vacances que ça ne sent pas bon. Et que c’est bientôt la fin.

Tu souris et tu l’encaisses. Sans réellement en parler. Pour n’inquiéter ni les parents ni les proches. Tu te montres confiant. Tout ira bien. Et tu ranges ça très loin au fin fond de ton estomac là où tu caches tout habituellement.

Et la veille du départ. Tu demandes à une personne de ne plus te suivre sur les réseaux sociaux et de ne plus te contacter. Parce que depuis longtemps déjà tu ne saisis pas pourquoi toi. Pourquoi ces messages. Pourquoi ces interactions compliquées.

Et comme toujours quand tu dois être dur avec quelqu’un. Tu finis par avoir des remords. A imaginer le pire pour cette personne parce qu’il ne poste plus rien depuis. Et à t’en vouloir.

Mais la perspective qu’une personne que tu ne connais pas réellement ait accès à des informations privées, se souvienne en détail de choses sans importance que tu as écris il y a mille tweets, fait que tu t’assieds un instant au milieu de chez toi.

Et que tu te dises que tu dois tout couper.

Alors tu prends l’avion au petit matin et tu souffles un bon coup.

Et trois semaines plus tard, tu reviens.