Le Prince qui court dans la Nuit

Le Garçon aux Pieds Nus

Les documents.

Les papiers du divorce sont arrivés la semaine dernière. Et me voilà perdu au milieu de sentiments ambigus.

C’est une séparation étrange. Mi-désirée, mi-subie. Clore huit années de sa vie n’est certainement pas la chose la plus enthousiasmante qu’il soit.

Pourtant. Je ne suis pas particulièrement triste. Ni ravi. Ni en colère. Je peux percevoir un soupçon de ressentiment. Très léger. Et je n’arrive pas réellement à comprendre ce qu’il fait là. Je ne pense pas qu’il perdure ni même qu’il devienne plus imposant. Je ne le laisserai pas.

J’essaie d’analyser ce que je ressens. Ce que cela implique et quelles devront être mes prochaines décisions. Mes prochains pas. Mais dans ce concert de sentiments confus, j’ai préféré mettre les documents de côté. Et les signer plus tard.

Procrastination ? Non, je sais que je les signerai. Je n’avais juste pas envie d’y penser. Là, toute de suite, maintenant.

Déni ? Non plus. La situation avait été actée en septembre dernier. Et ces six derniers mois m’ont permis d’expérimenter cette vie sans. Sans.

De quoi ai-je envie maintenant ? De milles choses.

J’ai tout pour plaire. Je me connais suffisamment. Je sais ce que je veux. Et ce que je ne veux surtout pas.

J’ai pensé à mon âge. À l’impression d’avoir perdu du temps. D’être entré dans la situation sanitaire actuelle en étant jeune, intéressant, attractif si l’on peut dire et d’en sortir vieux, largué et moins désirable.

Mais chaque casserole a son couvercle. Et je suis un putain de beau chaudron.

Alors. Je le sais. Je retrouverai un travail.

Le Garçon aux Pieds Nus

Il a neigé je t’aime aujourd’hui.

Il a neigé aujourd’hui. Des flocons. Puis plus rien. Puis des flocons à nouveau. Et plus rien. Grand soleil. Un petit évènement rare en ce début Avril.

Les Mardis, Jeudis et Dimanches. Je passe la soirée chez mes Parents. On tourne avec mes Frères pour couvrir un maximum la semaine. Décharger un peu notre Mère de l’Alzheimer de Papa. Et aider au mieux.

Être présents surtout.

Ce soir. En le couchant. Alors que je couvrais ses épaules avec la couverture. Mon Père m’a dit qu’il m’aimait beaucoup. Spontanément. Et c’est la première fois qu’il le dit comme ça.

Il a toujours été pudique sur ses sentiments. Et je me souviens que les seules fois où il se lâchait un peu c’était juste après nous avoir grondés quand on était petits. Il revenait vers nous et nous demandait de ne plus recommencer nos bêtises. Parce que ça lui faisait mal au coeur de nous punir – je parle des réprimandes parentales habituelles de parents maghrébins des années 90′ hein : la ceinture ou la chaussure.

Et puis, il a arrêté de nous gronder. Pour moi, c’était juste après mes neuf ans. Il me disait que c’était honteux qu’il m’engueule parce que j’étais grand maintenant. J’étais juste devenu plus grand que Lui et il considérait que j’étais un homme à présent. Plus un enfant.

Ce soir. Alors même qu’il ne se souvient pas toujours de mon prénom ni de qui je suis exactement – je suis tour à tour son fils, son frère ou un vieil ami d’enfance. Mon Père m’a dit je t’aime. Et ça aussi c’est exceptionnel.

Il a neigé je t’aime aujourd’hui.

Kaléidoscope Suggestif

M26 – Dans un monde où tout est surexposé, le truc le plus cool à faire est de rester mystérieux.

C’était la décision que j’avais prise en créant ce blog. Ne jamais y mettre ma tête.

Et ça m’allait parfaitement. Au début. Quand il y avait ce personnage – Beur-Boy et que je me cachais derrière. Parce que je ne l’assumais pas complètement.

Mais à partir du moment où j’ai laissé tomber ce masque. Je dois admettre que. Les choses ont changé.

Au fond de moi. Au fur et à mesure que je me dévoilais par mes billets. J’avais envie de m’exposer. De me montrer.

J’enviais. Et j’envie toujours un peu les blogueurs ou twittos qui sont à découvert. Je les trouve plus libres. Plus intrépides. Sans peur. Et j’ai l’impression que. Parce qu’ils offrent leurs visages, leurs vies. Ils fédèrent beaucoup plus.

Moi. J’avais peur d’être confondu avec ce que j’écrivais. Peur d’être reconnu. Par des proches ou le travail. Mais aussi et surtout par de mauvaises personnes. La crainte de la viralité d’Internet m’a très tôt amené à me protéger.

Cacher ma tête. C’était me préserver.

Paradoxalement. N’être qu’une nuque. Qu’un bout de corps sans tête. Tout cela. Amenait les gens à vouloir en savoir plus. Cela intriguait. Faisait fantasmer. Car dans un monde où tout le monde s’expose sans arrêt. Réussir à maintenir son mystère est un pouvoir.

Alors oui. Ma tête est là quelque part. Suivez les petits cailloux blancs. Mais elle n’apporterait finalement rien à ce que j’écris et aux messages que je souhaite faire passer.

Elle ne me servirait qu’à nourrir mon égo, mon côté attention whore. Un Dîtes-moi que je suis beau virtuel. Rien de plus, me concernant.

C’est la raison pour laquelle. Après toutes ces années à me cacher tout en enviant ceux qui se montraient. Je préfère continuer à garder le mystère.

Une façon également pour moi de le dire.
Je ne suis personne.