Journal de Bord Éternel

Journal de Bord Éternel

Chroniques de la dickpic.

Alors je ne sais pas bien pourquoi. Mais les messieurs m’envoient volontiers leur zizi en photo sur les réseaux sociaux.

Cela arrive régulièrement. Sans que je n’ai véritablement besoin de le demander. Et ça s’est accentué sur Instagram lorsque j’ai ouvert mon compte de dessins … et celui – tout neuf – qui me sert à parler de… mes lectures.

Je dois dire que je suis tellement surpris d’en recevoir à la suite de conversations parfaitement anodines, que je m’attends bientôt à aussi en recevoir sur Linkedin.

Oh il y a bien des fois où j’ai posté un tweet « Send Nudes » pour plaisanter (sans réponse aucune hein à croire que ce n’est pas un truc que l’on réclame) ou liké les photos dénudées de garçons sur les réseaux sociaux.

Je ne m’étendrai pas ici sur la question du consentement et sur la qualification légale des dickpics non consenties. Mais je comprends de plus en plus en quoi elles sont des agressions sexuelles.

Lorsque j’en reçois une. Je m’interroge en premier lieu sur ce qui a poussé la personne à m’en envoyer. Est-ce que c’est quelque chose que j’ai dit ou fait ? Est-ce que j’ai été suffisamment clair avec la personne sur ma situation personnelle ?

Et rien que là. Déjà. Quelque chose cloche. Je cherche, chez moi, le pourquoi du comportement d’un autre. Comme toutes ces fois où j’ai modifié ma démarche, camouflé mes fesses sous un pull ou me suis bêtement auto-flagellé après m’être pris une main au cul dans le métro ou dans la rue – ou au beau milieu des Quatre Temps à La Défense devant tout le monde.

Autrefois, je pardonnais un peu l’expéditeur, je lui trouvais des excuses et essayais de ne pas le blesser en répondant. J’y allais de mon simple et inoffensif « merci mais tu devrais l’envoyer à un joli garçon célibataire » pour m’extirper de la conversation et le dissuader de m’en renvoyer.

Mais je ressens cela de plus en plus comme une agression et du harcèlement. Ma politesse et mon envie de ne pas blesser attirent toujours sur les réseaux sociaux des personnes qui abusent (et pas seulement sur ce sujet).

Et bam. Un message privé sur Insta. Je clique et… Rebelote. Je suis face à un pénis, c’est offert, cadeau, sans raison, sans l’avoir cherché et sans vraiment comprendre pourquoi on en est là.

Et je suis censé faire quoi ?

Objectivement j’ai eu envie de dire bravo. Belle bite.
Si, soyons honnêtes, il y a des jolies bites.

Mais je n’avais rien demandé. Et j’avais peur que le garçon recommence ou qu’il prenne ma politesse pour une invitation à recommencer.

Alors j’ai dû être clair et précis. Je souhaiterais que nos échanges se limitent au thème de mon compte IG. Et c’est tellement absurde d’avoir à le dire. Que la situation m’a blasé.

Je suis en couple. Recevoir une dickpic ou entretenir le dialogue avec un garçon qui m’en envoie ne fait pas partie des statuts de mon couple. Je n’ai pas envie que cela devienne une habitude.

Et je me suis demandé. Ce n’était pourtant pas la première fois. Mais là. Est-ce que, parce que je suis un homme, gay, je n’avais pas jusqu’alors minimisé par nature l’outrecuidance de la dickpic ?

La Dickpic, simple photo de pénis ?

Non. Ce n’est pas juste une photo de bite.

C’est quelqu’un. Derrière un écran. Qui se fiche de savoir qui je suis ou avec qui je suis. Ou même si j’ai envie de recevoir cela. C’est quelqu’un qui s’impose. Qui vient poser ses couilles sur la table dans ma salle à manger alors que je ne l’ai même pas invité à entrer chez moi.

C’est quelqu’un. Célibataire ou en couple, ouvert ou pas du tout, qui ne me respecte pas et ne respecte pas mon couple à moi. C’est quelqu’un dont je n’ai même pas envie de comprendre les motivations ni même de les excuser. C’est quelqu’un qui cherche quelque chose que je n’ai pas envie de donner.

C’est une personne qui n’est pas bienveillante.

Messieurs de la Dique-pique, aussi belle soit-elle, soyez bienveillants, demandez avant d’envoyer.

Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

Silence(s).

Ça n’a duré qu’un moment. Je l’ai aperçu du coin de l’oeil. Et il était déjà loin. À l’autre bout de la passerelle.

C’était dimanche et je ne l’avais pas revu depuis presque neuf ans.

Après avoir rêvé de lui le mercredi suivant, je me suis dit que le moment était peut-être venu de retenter une approche. Malgré l’échec des deux dernières tentatives. Deux petits messages en 2014 et 2016 restés sans réponse.

Mais cinq ans après, et quelque peu motivé par mon rêve qui parlait de retrouvailles, je m’étais dit qu’après tout ce temps même la personne la plus rancunière du monde me répondrait.

Je suis comme cela. Une sorte d’optimiste désespéré.
Désespérant.

On pourra au moins dire que début 2021, j’aurais essayé de faire revenir trois personnes. Trois garçons qui n’ont pas été n’importe qui. Trois amis qui ne seront jamais n’importe qui pour moi.

Et on retiendra, qu’aucun n’aura souhaité me répondre.

Tu n’es personne hurlait leur silence.

Les Garçons, Mélancolie Apocalypse

The Kill.

Janvier s’achève déjà.

La fin d’année m’a laissé face à tous mes souvenirs. Mon défi memecember m’a imposé de puiser au fond de moi et à ressortir des choses que je pensais avoir réussi à archiver.

Mais. Tout est toujours présent. Tout est toujours le Présent. Pour mon hypermnésie et moi.

Comme les Garçons me manquaient, j’ai fait un pas vers ceux que je n’avais pas encore pu récupérer. Mais après plusieurs semaines, je crois pouvoir dire que leurs silences m’ont bien remis à ma place.

Il y a peu de chances maintenant qu’ils réagissent. Pour moi c’était hier. Pour eux c’était en 2010.

Et nous sommes en 2021. Et je ne suis plus personne.

« Et je suis comme ce chien qui vous suit dans la nuit grâce à l’odeur de vos parfums.« 

***

À la première écoute, j’ai su que The Kill de Jessie Ware deviendrait l’une de mes chansons préférées. Son album « What’s your pleasure » est la merveille de 2020. Et la chute de mon billet vient de cette partie des paroles.

What I don’t understand is why I’m here on my own.
We were only just talking in the silence of your home.
I know you better than yourself, honey, only I know.
I follow you through the night like a dog with the scent of your cologne.

Psithurisme Nostalgique

M28 – Je suis le genre de personne qui tente de se rendormir le matin juste pour finir un rêve.

Et parfois. Quand le rêve est agréable et que j’en suis extirpé malgré moi. Par le réveil, par un bruit ou simplement parce que mon corps a décidé qu’il fallait se lever. Je referme les yeux. Dans l’espoir d’y retourner.

J’avais rêvé de ce collègue sur lequel j’avais eu un coup de coeur. C’était un moment fort agréable où nous étions tous les deux. Allongés. Ma tête posée sur son ventre.

J’étais tellement bien que. Lorsque mes yeux se sont ouverts. Et que j’ai de nouveau basculé dans cette réalité où. Pour lui. Je n’étais qu’un collègue. Et où. Pour moi il n’était qu’un énième crush hétéro.

J’ai refermé les yeux. Pour revenir dans ce rêve. Ce monde parallèle où nous étions intimes.

Et le pire dans tout cela. C’est que cette fois-là. Il y a pratiquement 14 ans. Cela avait fonctionné. Et j’avais pu le retrouver.

Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

M27 – J’ai rêvé de toi et j’espère que tu es heureux.

Il m’arrive très souvent de rêver de gens lointains. De personnes que je n’ai pas vues depuis longtemps.

En 5eme. Je suis tombé amoureux du plus beau garçon – hétéro – du collège. Nous étions dans la même classe et nous sommes devenus amis.

À la rentrée suivante, il n’était plus là. Il avait changé d’école. Et hormis cette fois où je l’avais croisé en me rendant à mes cours de dessin. Je ne l’ai plus revu avant il y a quelques années.

Il est revenu plusieurs fois cependant. Dans mes rêves. Et à chaque fois. Je me réveillais heureux.

Heureux de l’avoir vu. Heureux de savoir qu’il allait bien. Jusqu’au moment où il ne m’est plus apparu et que je suis passé à autre chose.

Comme si les rêves étaient une façon de guérir les petits bobos de coeur. En douceur. Pour nous permettre d’avancer. Tranquillement.

Vers la prochaine destination.
Un nouveau garçon, toujours.

Psithurisme Nostalgique

M25 – Ouais ça me dirait bien de recevoir un chèque de 600 000 dollars.

Spoilers : non, absolument pas.

À vrai dire. Je le vivrais mal.

Recevoir cet argent. Sans véritablement l’avoir mérité ni proprement gagné. Je pense que cela me rendrait malade. Réellement.

Je crois que j’aurais mal au ventre. Rien qu’à penser à ceux qui n’ont rien. Ceux qui triment toute leur vie. Ceux qui travaillent et dorment dans leur voiture. Toutes ces familles qui ne peuvent joindre les deux bouts. Et surtout. Toutes ces personnes qui vivent dans la rue.

Je déteste l’argent. J’ai toujours détesté ce que cela représente.

Parfois. Dans mes rêveries étranges et loufoques. Je lance des simulations de civilisations sans argent. Mais elles échouent toutes. Car tôt ou tard, les Humains ne se satisfont plus du troc. Ils créent une monnaie. Et les plus cupides asservissent les autres.

Faire un don ?

Je ne sais même pas combien il me faudrait donner sur ces 600 000 dollars pour ne pas finir par être rongé par cette injustice qu’est l’argent.

Et si on s’en débarrassait ?