Les Garçons

Les Garçons, Mélancolie Apocalypse

M15 – J’aurais dû t’enlacer plus fort encore la dernière fois où je t’ai vu.

Lorsque je suis tombé sur celui-ci. J’ai tout de suite pensé à Ekkooo.

J’avais rencontré Ekkooo en Décembre 2007 autour d’un chocolat chaud. Et j’avais craqué sur lui. Je n’y pouvais absolument rien. Son odeur, sa peau, ses cheveux blonds. J’avais l’impression que mon corps l’appelait constamment. Comme un aimant.

Chaque fois que je le voyais. Il fallait que je le touche. Qu’il m’enlace. J’avais l’impression de n’avoir jamais assez de ses accolades. Ça ne me suffisait pas. J’avais besoin de complètement disparaître, me fondre dans ses bras.

Et c’était possible. Il était grand et massif.

Mais j’étais intouchable. C’était tout le monde sauf moi. Surtout pas moi. Une sorte de constante dans ma vie amoureuse qui allait finir par me faire me sentir non désirable et invisible.

Cette voix à l’intérieur de moi qui voulait leur hurler REGARDEZ-MOI m’a finalement rongé de l’intérieur. Et peu à peu, je suis devenu un monstre avec les Garçons. Que j’allais finir par épuiser deux ans plus tard.

En Juillet 2009, sentant venir une dernière confrontation qui serait pénible. Ekkooo s’était désisté à la dernière minute. Avant de lâcher ce tweet.

Ekkooo : est à Madrid pour m’amuser avec des amis de plusieurs années qui ne me jartent pas pour un oui ou pour un non

C’était fini. Et je ne l’ai pas revu pendant deux ans.

En Septembre 2012, il est entré dans ce restau japonais qu’il m’avait fait découvrir. J’y étais avec des amies. C’était une véritable coïncidence. Je me suis levé. On s’est salué poliment. Puis je me suis rassis.

Avant de brusquement me relever à nouveau pour l’enlacer.

Je n’avais pas pu me contrôler. C’était la mémoire du corps. Du mien. Et une fois cette impulsion contrôlée, je l’avais lâché.

Et même si cela n’a duré que quelques secondes, j’avais tout de suite regretté de n’avoir pas su me contenir.

Après cela, chacun sa table. Et chacun sa vie.

Cela fait huit ans maintenant que je ne l’ai pas revu. J’ai plusieurs fois eu envie de faire un pas pour le retrouver. Avant de toujours m’en empêcher.

Il me manque. Et je me dis très souvent que j’aurais dû l’enlacer plus fort encore la dernière fois où je l’ai vu.

Kévin Bacon, Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

M09 – Peut-on s’enlacer et voir qui bandera en premier ?

Dans les faits, c’est un jeu qui peut être amusant. On s’enlace et on voit qui réagit en premier. Cela pourrait même remplacer le jeu de la bouteille qui tourne. Ou celui dans lequel on doit s’enfermer à deux dans un placard pendant que d’autres chronomètrent.

Mais en réalité, c’est un cauchemar pour moi.

Je fais partie des garçons à l’érection facile. Ce qui pourrait être vu comme quelque chose de positif, m’a cependant conduit, moi, à complexer et à redouter toute interaction avec un garçon qui n’est pas mon petit copain.

J’ai toujours été comme ça. Une machine à érection. Ma vie est faite de moments quelconques – comprendre simples accolades amicales, où j’ai enlacé des garçons et réagi. Alors qu’eux, non. Et cela m’a très tôt amené à considérer que c’était anormal et gênant. A éviter, donc.

C’est pourquoi, alors qu’il y a encore quelques années j’étais du style très câlin, j’ai fini par limiter mes interactions physiques rapprochées à Kévin Bacon et je suis devenu une pierre avec les autres garçons. Repoussant autant que possible toute proximité.

Quand bien même il s’agissait d’une réaction naturelle, d’un réflexe mécanique ou d’un manque de concentration, je ne pouvais plus laisser mon corps me trahir.

Comme pour mes émotions que je tente de toujours maîtriser, le control freak que je suis a décidé que je ne devais plus jamais me faire avoir par mon corps.

Notamment quand certains garçons jouent au jeu du Enlaçons-nous pour voir qui bandera en premier sans te prévenir. Tu penses innocemment que le garçon n’y a pas prêté attention ou qu’il ne s’est pas imaginé des trucs.

Jusqu’au détour d’une conversation ou d’un message, où il te le rappelle quelques fois longtemps après. Et tu comprends que tu t’étais fait avoir.

L’un d’entre eux m’avait d’ailleurs carrément envoyé ce meme avec comme message « tu te rappelles ? ».

Et je me demande du coup qui est le plus vicieux des deux. Celui qui ne contrôle pas son érection ou celui qui avait une idée derrière la tête.

Je n’ai jamais joué à ce jeu.

Mais je me souviens néanmoins qu’une fois c’était arrivé à quelqu’un d’autre qu’à moi. Un ami encore plus control freak.

Juste après ma dernière rupture. Il m’avait proposé de dormir chez lui. Alors qu’il était dans mon dos, à me consoler, j’avais pu le sentir. Gêné, Il s’était rapidement excusé.

Mais, moi. J’étais tellement content.

C’était la première fois que cela arrivait à quelqu’un d’autre qu’à moi depuis ce moment. (petits amis exclus) Et ça m’avait rassuré.

Je n’étais pas le seul.

Les Garçons, Mélancolie Apocalypse

M08 – Cela fait mal, jusqu’à ce que cela s’arrête.

S’il n’y avait qu’un conseil. Qu’une formule magique à retenir. Pour se remettre d’une rupture. Je dirais que c’est bien celle-ci.

Cela fait mal jusqu’à ce que cela s’arrête (de faire mal).

Mais comme pour tout. C’est malheureusement l’expérience qui permet de l’apprendre. Au préalable, il faudra donc bien morfler une ou deux fois. Voire plus.

Comme j’ai appris à enfouir mes émotions au fin fond de mon corps, mon coeur brisé à moi me faisait mal… à l’estomac. Et j’ai fini par l’appeler Ulrich. Il avait été jusqu’à me faire perdre 8 kilos en pratiquement deux semaines juste après Jolies Lèvres, tout en m’obligeant à manger sans cesse pour ne pas avoir mal.

J’ai compris plus tard que moi je ne développais pas un Coeur brisé mais un Ulcère.

Un jour. Tout en me jetant sur un carré de kiri pour faire taire Ulrich – le kiri ça soigne tout. Je me suis dit qu’il fallait que j’accepte la situation. Je m’étais fait larguer. C’était normal d’avoir mal.

Et, à partir de ce moment-là, dès que je sentais monter la tristesse, je disais haut et fort « J’accepte ! ».

C’est devenu ma formule. J’accepte.

J’ai alors commencé à la prêcher ça et là. Mais j’oubliais une chose. On aime avoir mal. Gratter sa croute. Se lamenter. Et par moments, avoir des comportements borderline.

Et à chaque fois, on m’a répondu la même chose. « J’ai besoin de bien me ramasser pour aller mieux » ou « non mais moi je dois toujours passer par une spirale d’auto-destruction pour me remettre ».

Alors je me suis dit qu’il était peut-être inévitable de souffrir. Et je me suis demandé.

Après une rupture, doit-on souffrir autant que l’on a été heureux pour rééquilibrer la balance cosmique de l’Amour ? Et sur la grande horloge du coeur en miettes, un jour de bonheur avec Lui deviendra combien de jours de tristesse après Lui ?

Y a-t-il seulement un timing universel… Je ne le pense pas. Cela fait mal jusqu’à ce que cela s’arrête. C’est certainement le parfait mantra.

Une véritable leçon de vie.
Faîtes passer le message.

Kévin Bacon, Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

M02 – je souhaiterais ne porter que mes sous-vêtements et une couronne toute la journée.

Le 02 Décembre. C’est mon anniversaire. Et ce que j’aime, c’est me réserver cette journée à moi uniquement.

En temps normal, je me serais mis de repos aujourd’hui car je déteste y travailler. Là je n’en ai pas eu besoin puisque Covid-sama a décidé que je n’avais plus de travail.

Mon programme était toujours le même. Ne rien faire. Rester en pyjama devant de vieilles séries. A manger du chocolat et à boire du coca.

Alors oui, rien de bien sexy. J’étais dans un pyjama en pilou-pilou, sous deux plaids et sans couronne. A l’opposé même de la définition du sexy. J’ai dû boire un litre de coca, du thé et finir une baguette de pain avec du kiri. Et je n’avais même pas de chocolat.

Comme toujours, aucun réseau social ne rappelle mon anniversaire. Alors, j’ai reçu très peu de messages et d’appels hormis ma famille, mes ami.es très proches, quelques ex-collègues et bien sûr Kévin Bacon.

Il fut un temps où cela avait une importance. Recevoir une tonne de messages. Et espérer en recevoir de qui vous savez. Les Garçons du passé. Mais après des années à être oublié – sans pathos aucun, je crois que je m’y suis habitué.

Je sais que pendant quelques heures je vais me dire que plus jamais je ne leur souhaiterai le leur mais le jour-même, je le ferai encore et toujours. Parce que c’est qui je suis. Et je me dirai que peut-être ils remarqueront qu’ils m’oublient chaque année.

J’ai maintenant 38 ans.
J’ai toujours mes pouvoirs magiques.
Et c’est tout ce qui compte.

Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

iwak #29 – chaussures.

Pour cette soirée. J’avais besoin de chaussures à talons.

Comme je fais du 45. Une seule solution. Les boutiques un peu spéciales situées entre Place de Clichy et Pigalle.

J’avais rendez-vous avec Baron Rouge (♡). Et il était en retard. J’ai donc dû prendre mon courage à deux mains et commencer sans lui. Je n’étais pas très à l’aise à l’idée de rentrer seul dans tous ces sex-shops.

Mais finalement. Ils n’avaient rien à voir avec l’image que je m’en faisais.

Quand Baron est arrivé. J’étais en plein essayage. J’avais craqué sur une paire de chaussures rouges à talons hauts.

Ces chaussures, je les ai par la suite portées plusieurs fois lors de nos soirées à thèmes. Et notamment lors de la fameuse Dames en Noir chez Baron. Après plusieurs visites, ces voisins avaient fini par nous contraindre à arrêter la soirée et à nous délocaliser.

Et nous voilà. Dehors. Le 27 Février 2010. Direction le Tango.

Baron habitait près de la Rue des Rosiers à l’époque. Pourtant le trajet m’avait paru interminable. Marcher avec ces chaussures était une torture.

Maudits talons aiguilles.

Ils sont toujours dans ma Boîte à Malices. Là où j’ai rangé tous ces déguisements improbables que j’avais revêtus en 2009-2010 avec les Garçons.

Baron, j’aimerais tellement pouvoir me déguiser à nouveau à l’une de tes soirées… ♡

Kévin Bacon, Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

iwak #22 – chef cuisinier.

On dit que l’on a souvent un genre de mec. Et en y regardant de plus près. Je crois que c’est juste. Tous les garçons avec lesquels je suis sorti ont un énorme point commun*.

Ils savaient cuisiner. Et ils cuisinaient tous très bien.

Pour moi, ça a toujours été parfait. J’adore manger. Par contre, je ne prends pas de plaisir à préparer à manger. Non pas que j’apprécie ce qui est déjà préparé, mais lorsqu’il s’agit de me faire à manger, je vais vite et ne fais jamais rien de compliqué.

Ce doit être simple et efficace. Je me dis souvent qu’un Chef Cuisinier se grifferait le visage en me voyant « cuisiner ».

Mais pas eux. Je les revois. Chacun. Dans leur cuisine. Me préparant quelque chose. C’était toujours délicieux et ça avait toujours l’air très élaboré. Même si à chaque fois, chacun m’a dit. C’est super simple.

Parmi les ex, Jolies Lèvres était le meilleur cuisinier. J’avais l’impression qu’il pouvait préparer n’importe quoi. Il avait la recette et hop, j’avais le droit à de jolies surprises. Comme ce mi-cuit au chocolat blanc et cette Linzer Torte. Mais mon souvenir préféré. Les Crêpes à mille trous.

Celles qu’il avait préparées en découvrant que c’était l’un de mes mets algériens préférés.

Kévin Bacon, lui, est un poète en cuisine. Un artiste. Il a une idée en tête et s’exécute sans recette. Je le trouve extrêmement créatif. Et je suis gâté. Depuis un peu plus de onze ans.

Tous les weekends. J’ai le droit au petit déjeuner au lit. Apporté sur un plateau. Sans compter les déjeuners et diners.

C’est amusant comme les garçons comme moi, trouvent toujours des garçons comme Lui.

Et forcément. Je me demande aussi souvent ce que, moi, j’apporte. Qu’est-ce que les garçons comme Lui cherchent chez des garçons comme moi ?

*Oui ça aussi.