Les Garçons

Les Garçons

La Pédérité.

Cette année, j’avais pris la plus étrange des résolutions. Celle de dire oui à – pratiquement – toutes les invitations.

Sortir un peu de ma forteresse et m’empêcher un maximum de me renfermer sur moi-même. Ce qui était d’ailleurs l’une de mes craintes post-confinement.

Déjà bien casanier par nature, j’avais été échaudé par mes échecs successifs à m’entourer de Garçons. Et les tristes expériences de ces pratiquement quinze dernières années m’avaient amené à dresser d’énormes barricades autour de moi.

Des défenses imparables. Pour que rien ne m’atteigne. Ni blessures ni déceptions.

Alors je me suis coupé de tout. J’ai disparu. J’ai donné la priorité absolue à Kévin Bacon et mon cercle d’amis proches. Avec toujours une bonne excuse pour refuser de participer à une soirée.

Lorsque je réapparaissais sporadiquement au gré de quelques exceptions, je recevais d’étranges commentaires et/ou compliments. On découvrait que j’étais drôle. Ou l’on s’étonnait carrément que j’existe pour de vrai. « On parle de toi comme d’une légende », m’avait dit cet ami d’ami lorsque je me suis présenté.

Mais à bientôt 40 ans, j’ai eu envie de sortir. De revoir le monde. De travailler sur ma sociabilité. Et surtout d’aller contre mon instinct naturel de solitaire.

Un changement déjà timidement initié l’an passé alors que je passai l’été à prendre des verres en terrasse – oui, je considère qu’un diabolo grenadine au Quetzal, c’est prendre un verre.

Et lorsque les entraînements de volley ont repris à la rentrée, j’ai décidé de poursuivre cet effort.

Alors, je suis resté manger un morceau après chaque entraînement, ce que je n’avais jamais fait auparavant. Je me suis dévoilé. Et de fil en aiguille, je me suis retrouvé invité à des petites soirées sympas.

Jusqu’à cette invitation à passer un weekend ensemble.

Un weekend entre garçons en Normandie. Une immense maison, un jacuzzi, des bières, du vernis à ongles, une soirée visionnage de Drag Race France, des journées à la plage et en excursion sur les magnifiques îles Chausey, des ronflements, des bruits suspects, des araignées, le barbecue, le Bal des Pompiers, les parties de volley,…

Et beaucoup de tendresse.

La Pédérité.

Et quand je suis rentré à la maison. Une pluie de petits messages mignons.
Et les Garçons m’ont manqué.

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la Pédérité. J’ai vu ce mot pour la première fois dans un tweet de Matthieu Foucher et je l’ai tout de suite adoré.

Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

Ce serait tellement plus simple si les Garçons étaient des plantes.

Je crois que j’ai remplacé les Garçons par des plantes.

C’est ce que je me suis dit tout à l’heure. Quand. Pour la première fois de ma vie, j’ai pensé que j’en avais trop.

Je dis cela parce que je me souviens que je n’en avais pas autant avant. Comme beaucoup. J’ai commencé avec un petit ficus de chez Ikea. Benjamin. Mais il n’a pas duré longtemps.

La plus ancienne de mes plantes remonte à 2009. J’avais acheté deux plantes près de mon travail. Un zamioculcas zamiifolia et une fougère. De tous petits bébés.

La fougère s’est mise à sécher quand ça n’allait pas bien et est morte peu après la rupture. Je reste persuadé qu’elle avait pressenti la fin de mon histoire avec Jolies Lèvres.

Je ne pensais pas avoir la main verte. Mais d’une seule plante je suis aujourd’hui arrivé à 34. Oh, il y a bien eu des pertes. Mais je crois que nous avons trouvé comment nous entendre elles et moi.

Ce que, aujourd’hui encore, je n’arrive pas à faire avec les garçons qui entrent dans ma vie en quête d’amitié.

Entre nous. Ce serait tellement plus simple si tout le monde était une plante.

Parce que là je suis complètement perdu.

Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

Restober #19 – Your choice.

Cher Journal du Garçon qui voulait juste ne rien faire du tout,

Aujourd’hui, j’ai retrouvé une de mes amies. Pour l’une de nos marches habituelles dans Paris. On a discuté de ce garçon qui venait de la recontacter après avoir disparu pendant six mois. Et de la façon dont elle lui a dit qu’elle n’avait plus besoin de lui dans sa vie.

Si j’ai compris sa décision. Je n’ai pu m’empêcher de faire le parallèle avec moi et les Garçons que j’ai essayé de récupérer. Et comment finalement aucun d’entre eux n’avait été en mesure de me répondre ne serait-ce que pour me dire d’aller me faire voir.

Il faut du courage pour mettre le point final à une relation comme elle l’a fait. Mais il en faut autant voire plus pour tenter années après années de rappeler à soi des personnes que l’on a aimées.

Dommage qu’ils ne l’aient pas vu de cette façon.
Baille bye.

Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

Restober #18 – Spoil Yourself.

Cher Journal du Garçon qui voulait juste ne rien faire du tout,

Comme j’ai dépensé tous mes sous en shopping la semaine dernière, on va éviter de faire chuter le cours de la bourse en se ruinant davantage.

Alors plutôt. J’ai fait du tri dans mes affaires. Et ai préparé trois énormes sacs à donner. J’ai essayé de ne pas trop céder à l’émotion sur certaines pièces. Et je me suis souvenu du pull à capuche gris.

Si j’ai pu me séparer de lui – ce que je regrette toujours un peu aujourd’hui, alors je peux me séparer de n’importe quel vêtement qui m’a été offert par les Garçons d’avant.

Spoil yourself ?
Pour aujourd’hui, je vais juste me contenter de penser à ceux qui recevront ces vêtements.

Baille bye.

Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

Silence(s).

Ça n’a duré qu’un moment. Je l’ai aperçu du coin de l’oeil. Et il était déjà loin. À l’autre bout de la passerelle.

C’était dimanche et je ne l’avais pas revu depuis presque neuf ans.

Après avoir rêvé de lui le mercredi suivant, je me suis dit que le moment était peut-être venu de retenter une approche. Malgré l’échec des deux dernières tentatives. Deux petits messages en 2014 et 2016 restés sans réponse.

Mais cinq ans après, et quelque peu motivé par mon rêve qui parlait de retrouvailles, je m’étais dit qu’après tout ce temps même la personne la plus rancunière du monde me répondrait.

Je suis comme cela. Une sorte d’optimiste désespéré.
Désespérant.

On pourra au moins dire que début 2021, j’aurais essayé de faire revenir trois personnes. Trois garçons qui n’ont pas été n’importe qui. Trois amis qui ne seront jamais n’importe qui pour moi.

Et on retiendra, qu’aucun n’aura souhaité me répondre.

Tu n’es personne hurlait leur silence.

Les Garçons, Mélancolie Apocalypse

The Kill.

Janvier s’achève déjà.

La fin d’année m’a laissé face à tous mes souvenirs. Mon défi memecember m’a imposé de puiser au fond de moi et à ressortir des choses que je pensais avoir réussi à archiver.

Mais. Tout est toujours présent. Tout est toujours le Présent. Pour mon hypermnésie et moi.

Comme les Garçons me manquaient, j’ai fait un pas vers ceux que je n’avais pas encore pu récupérer. Mais après plusieurs semaines, je crois pouvoir dire que leurs silences m’ont bien remis à ma place.

Il y a peu de chances maintenant qu’ils réagissent. Pour moi c’était hier. Pour eux c’était en 2010.

Et nous sommes en 2021. Et je ne suis plus personne.

« Et je suis comme ce chien qui vous suit dans la nuit grâce à l’odeur de vos parfums.« 

***

À la première écoute, j’ai su que The Kill de Jessie Ware deviendrait l’une de mes chansons préférées. Son album « What’s your pleasure » est la merveille de 2020. Et la chute de mon billet vient de cette partie des paroles.

What I don’t understand is why I’m here on my own.
We were only just talking in the silence of your home.
I know you better than yourself, honey, only I know.
I follow you through the night like a dog with the scent of your cologne.