Les Garçons

Journal de Bord Éternel, Les Garçons

iwak #9 – lancer.

Début Août 2007. J’écrivais « Je mets donc mon Coeur dans cette bouteille et je la laisserai voguer jusqu’à ce que quelqu’un mette la main dessus. »

C’était au début de ce blog. Dans des archives que je garde scellées. A une époque où j’écrivais crûment pour masquer mon manque d’affection.

J’avais lancé cette bouteille dans la Mer des blogs comme pour dire que je renonçais à rencontrer quelqu’un. Parce que je ne me pensais réellement visible et désirable que derrière un écran. Derrière mon pseudo.

Il lisait mon blog. N’habitait pas Paris. Il vivait la fin d’une relation longue, sa « Tempête ». Et nous avons commencé à discuter puis nous appeler. Et nous nous sommes rencontrés.

C’était un garçon magnifique. Un grand brun, carré, aux yeux marrons. L’Homme à la bouteille, comme je le mentionne ici par moments.

Nous nous sommes vus, ici, à Paris. Et une autre fois, dans sa ville.

Mais ça n’a pas fonctionné.

Il m’avait fallu du temps pour m’en remettre. Parce que cet échec m’avait replongé dans ma solitude, mes complexes et conforté dans le fait que non, effectivement je n’étais pas désirable en dehors d’un écran.

« Tu as été la pluie fine dans ma Tempête ». C’est ce que j’avais gardé de notre histoire. La phrase qu’il m’a dite pour m’expliquer que notre « histoire » était perdue au milieu de la rupture qu’il vivait alors.

Une phrase qui est devenue très importante pour moi.

Tout comme la Pluie Fine.

Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

iwak #8 – dents.

C’est un souvenir spécial pour moi.

« Dents » me renvoie à « Dents de la Mer ». Le film projeté dans cette salle. Dans ce village de vacances dans lequel nous étions allés quand j’avais neuf ans.

J’avais sympathisé avec Alban, belge costaud de quinze ans. Costaud-carré-rugby, en opposition avec mon propre corps filiforme de l’époque.

Ce jour-là, il n’y avait personne dans la salle TV. Et après s’être fait écouter des trucs sur nos baladeurs, nous avons commencer à parler de son grand frère (pour qui je craquais complètement).

De fil en aiguille, d’une conversation à l’autre, nous nous sommes retrouvés à mimer des baisers. Moi, assis sur ses genoux.

Mimer, parce que nous apposions nos mains sur la bouche de l’autre.

Lorsque je me suis levé de ses genoux, je me suis aperçu qu’Alban avait une érection. Et il faisait nul doute alors que ça lui avait plu.

Si je pouvais retourner dans le temps, je l’embrasserais pour de vrai.

Depuis lors, « Les Dents de la Mer » me ramène toujours dans cette salle, à ce moment précis.

Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

iwak #6 – rongeur.

Dis, est-ce que tu te souviens de ce date au cinéma ? On s’était mis d’accord un soir sur MSN. On irait se voir un film ensemble.

Perdue dans nos conversations sans queue ni tête, entre notre façon de nous « taquiner » et ma façon d’être raide dingue de toi. Cette idée d’aller voir Ratatouille tous les deux un jour gris de Novembre 2007.

C’était après ma rupture avec l’Homme à la Bouteille. Cette période où je me sentais tellement seul que j’en avais mal.

On s’était retrouvés dans cette salle de ciné. Entourés de familles. Et manifestement, nous n’avions pas compris la même chose de notre conversation.

Mais tu as commencé à m’allumer et je me suis laissé faire.

Je ne me souviens pas du tout du film. Je ne l’ai jamais revu. Et ne le reverrai jamais. Mais je sais juste qu’il parlait d’un rongeur, d’un rat.

Et que Toi et moi avions beaucoup ri du bruit de ma ceinture qui se défait.

Kévin Bacon, Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

iwak #3 – épais, massif.

J’avais l’impression qu’il n’y avait qu’Ekkooo qui pouvait taire ma soif de câlins. Et je ne savais pas exactement pourquoi.

Je mettais tout cela sous le compte de l’alchimie. Et je pensais que sa peau, son grain et son parfum, stimulaient la mienne pour m’apaiser. J’en avais constamment besoin.

Et puis j’ai compris. Il était massif. Et en me lovant dans ses bras, il pouvait tout faire disparaître. Ma tristesse, ma solitude, tous mes sentiments.

Ekkooo pouvait me faire disparaître.

Lorsque j’ai fui les Garçons. Rompu avec eux et perdus. J’ai progressivement empêché quiconque de me reprendre dans ses bras.

Et je suis devenu cette personne qui déteste qu’on la touche.

A l’exception de Kévin Bacon.

Les Garçons, Pretanama

Mes Marches des Fiertés.

C’est la fin du mois des Fiertés. Et il a été plutôt fade.

Comme le Ramadan. Le Covid-19 a retiré leur saveur à mes deux rendez-vous annuels d’enfant stellaire*.

Pas de Marche des Fiertés en Juin cette année. Reportée à Novembre. Mais ce weekend, mes souvenirs des Marches passées sont venus me hanter comme pour me rappeler qu’elle aurait dû avoir lieu samedi dernier.

Je me suis souvenu de ma première Marche. En 2002. L’Euphorie de me retrouver entouré des miens mêlée à la tristesse de ne pas encore connaître de LGBT+. Je m’étais assis sur les marches à Bastille, seul, à observer la foule. Just a little more love de David Guetta dans l’air. Et c’est ce dont j’avais besoin. Juste un peu (plus) d’amour.

Je me suis souvenu de la Marche de 2007. Celle où j’ai rencontré Atypik. J’étais perdu dans la foule et n’arrivais pas à rejoindre le groupe des pédébloggueurs. J’étais désespéré et prêt à abandonner quand je l’ai finalement aperçu. Je lui ai alors directement pris le bras et lui ai dit « je ne te quitte plus ». Je ne le connaissais pas mais je me sentais si bien avec lui que je l’ai enveloppé de tendresse. Et en relisant le billet que j’avais écrit à l’époque, je dois admettre que j’étais immédiatement tombé amoureux de ce garçon.

En 2008, j’ai marché avec Peio. En 2009, Barry. 2010, Bradshaw. 2011, Djo et Les Filles. 2012, Cayetano et mes petits suisses préférés. Chaque année, je guettais aussi l’instant où j’allais pouvoir croiser le groupe de Matoo et profiter de l’occasion pour voir Jolies Lèvres.

Mais les Marches étaient devenues différentes. Je n’étais plus ce garçon qui ne connaissait personne. Je n’étais plus en manque d’amour. Je marchais maintenant avec l’Homme de ma vie. Et plus rien ne me paraissait plus extra-ordinaire que cela.

Je ne sais pas comment sera la Marche de Novembre. Mais, comme à chaque fois, j’aurai une pensée pour mon Moi-2002. Seul assis sur les marches de Bastille. Souhaitant se mêler. Se mélanger. Se fondre dans cette masse d’amours. Et je m’imaginerai lui envoyer un message. Ou juste une photo de Kévin Bacon et moi.

Marchant ensemble.

PS : j’ai aussi pris un énorme coup de vieux ces dernières années en ne reconnaissant pas ou peu les chansons qui passent sur les chars…

* Pretanama à tous les LGBT+ racisés et/ou croyants.

Les Garçons

The day the magic died.

Je peux t’appeler ?
N’hésite pas c’est urgent

C’est par ce texto. Un peu avant sept heures du matin. Lundi dernier. Que le Chevalier m’a prévenu qu’il était arrivé quelque chose.

Lorsque j’ai raccroché. La seule chose à faire avait été de me rendormir. Pour moi, c’était impossible. Il y avait dû y avoir une erreur.

Je n’y croyais pas.

Je me suis réveillé quelques heures plus tard. Avec cette sensation étrange d’être lourd et apathique. Et j’ai passé la journée assis sur le canapé.

Les emojis de tristesse ont commencé à se multiplier sur sa dernière photo de profil. Et un de ses amis a posté un lien vers un article sur son dernier statut.

L’article contenait des photos et explications sur ce qu’il s’était passé.

Mon coeur s’est arrêté. Et j’ai fini par y croire.

Barry était bien décédé il y a quelques jours.