Journal de Bord Éternel, Pretanama

iwak #18 – piège.

J’ai trouvé très intéressant le billet « piège » de Matoo.

Pour ma part, je me suis toujours empêché de devenir réellement public. Oui, il est possible de savoir qui je suis et de trouver à quoi je ressemble. Mais pour cela, il faut chercher un (petit) peu.

Par deux fois, j’ai été découvert au travail. C’est arrivé dans deux entreprises différentes pour deux ancêtres de ce blog différents et ça n’a eu aucune conséquence importante. Malgré tout, je préfère ce côté « anonyme » et mystérieux.

Je pense qu’il faut faire des erreurs lorsque l’on se sert d’outils pour apprendre à mieux s’en servir. Je considère que j’ai fait beaucoup d’erreurs avec mon blog mais aussi avec les réseaux sociaux. Ce qui me permet aujourd’hui d’en profiter plus sereinement/sainement.

Ce n’est toujours pas parfait mais j’y travaille.

Mon premier piège ici a été de m’enfermer dans un registre qui n’était pas moi. C’était au tout début de ce blog. Le côté très sexuel et cru m’a toujours gêné et me gêne encore. Je sais que j’évacuais une sorte de frustration, un manque d’affection. Mais ce n’était pas réellement moi. C’était un personnage.

Personnage vite démasqué d’ailleurs puisque très vite j’ai laissé paraître ma véritable sensibilité et douceur.

Aujourd’hui, je peux dire que ce que j’écris est qui je suis. C’est pourquoi mes premières archives sont fermées. Elles ne collent pas/plus avec moi.

Le deuxième piège a été de faire passer des messages privés à travers mes billets et/ou d’écrire sous le coup de l’émotion. A la belle époque, j’écrivais pratiquement tous les deux jours. Je réagissais à chaud à ce qui m’arrivait et le fait d’être lus par ceux-là même qui partageaient ma vie alimentait mon côté dramaqueen.

J’attaquais publiquement. C’est quelque chose que je regrette aujourd’hui. Cela avait transformé mon blog en une espèce d’arme dangereuse à double tranchant. Je les blessais et je me blessais.

Il y a encore quelques messages privés qui se glissent aujourd’hui dans mes billets. Mais ils sont bienveillants. Ce sont souvent des mains tendues aux personnes que j’ai perdues justement en me servant de mon blog comme d’une arme.

Le troisième piège c’était le côté lamentation. Une rupture c’est dur. Mais puiser dedans pour écrire je ne sais pas si c’était judicieux. J’ai l’impression que cela a fait durer plus qu’il ne faut l’éventuel processus de guérison et d’oubli.

Peut-être que c’est simplement moi qui ait changé et qui ne me lamente plus. Mais j’ai l’impression qu’auparavant écrire engendrait une espèce de cercle vicieux de lamentations et que ça n’en finissait pas.

J’écris moins aujourd’hui. Et quand j’ai l’impression que ce que j’écris est trop personnel je ne le publie pas.

Comme Matoo, je ne réagissais pas non plus à chaud sur les réseaux sociaux et j’essayais d’être neutre. Je ne souhaitais me fâcher avec personne. Je considérais que je n’étais pas là pour cela.

Il n’y a pas de débat possible sur Twitter. Juste des égos qui hurlent. Alors je me tenais à distance des cris.

Mais à trop vouloir ne pas faire de vague, on ouvre un jour son twitter et sa timeline est pleine de gens qu’on ne connaît pas qui hurlent que les Musulmans sont le problème en France, que les Religions sont de la merde et que tous ceux qui luttent contre le Racisme sont responsables de la mort atroce et monstrueuse d’un professeur faisant son travail.

Et je suis là, face à mon écran m’insultant et me condamnant, depuis une semaine*.

Avec ce putain de mal au ventre.

Piégé.

*ce billet a été finalisé le 22.10.20.

4 thoughts on “iwak #18 – piège.

  1. Je me demande si les blogs ne sont pas un refuge pour nos intellects maltraités. J’y trouve mon salut moi en tout cas, en ce moment. 🙂

  2. Ce qui est amusant (moi qui te lit au travers des différentes phases que tu as retracé, c’est que cette évolution est remarquable (dans tous les sens du terme).
    Oui, de ta période aguicheur-à-clics à celle plus tempérée d’aujourd’hui, je ne sais pas s’il s’agit de sagesse ou plus simplement d’une évolution.
    Pour suivre (comme Matoo) le destin du blogueur qui ne résigne pas à arrêter (peut-être parce que l’on aime cela et que l’on en a besoin), je me reconnais aussi dans ton parcours (avec des phases moins marquées) aux travers semblables. Et comme toi, j’aspire à maintenir une forme d’anonymat salvateur.
    Au gré du temps qui passe, les pièges s’avèrent plutôt être des écueils desquels soit l’on se lasse, soit on lasse. Mais au gré du temps qui passe, on fortifie la démarche aussi en versant, finalement, davantage dans l’authentique … tranchant de fait avec la logorrhée des réseaux dits sociaux (transition toute trouvée sur mon billet de demain).
    Je t’embrasse

  3. Ca me fait très plaisir de te lire. J’ai l’impression que nous venons d’une époque lointaine et que nous avons mûri dans notre façon d’appréhender nos blogs. Et je pense que c’est ce recul que nous avons qui nous a permis de ne jamais réellement arrêter finalement.

    Je t’embrasse également <3

  4. Je pense que nos blogs sont nos refuges face à l’Instantané que sont les réseaux sociaux. Oui nos intellects sont maltraités car les réseaux ne nous donnent plus réellement l’impression de nous exprimer.

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