Amour Galactica

Journal de Bord Éternel, Kévin Bacon

08·10·2022

Aujourd’hui, j’ai mis mes plus belles bretelles pour aller bruncher. J’avais testé cette tenue à une soirée il y a quelques semaines et les compliments m’avaient encouragé à la retenter en journée.

Bon apparemment, les bretelles sont un fétiche assez répandu chez les gays si j’en crois les réactions qu’elles ont suscité.

Après le brunch, nous nous sommes baladés avec Kévin Bacon. J’apprécie tellement cet été indien qui est sorti de nulle part au moment où l’on se désespérait des températures un peu basses. Puisse-t-il durer encore un moment.

Même si j’adore l’Hiver, je ne suis pas encore prêt à voir débarquer la saison froide.

Journal de Bord Éternel, Les Garçons

07·10·2022

Le vendredi, c’est volley.

Je traverse Paris à vélo pour me rendre au gymnase. L’occasion de désespérer sur le manque de civisme des gens. Personne ne respecte le code de la Route. Ça klaxonne à tout va. Téléphone au volant/guidon. Feux grillés par TOUS. Piétons traversant n’importe comment. Idiots faisant leur running avec leurs écouteurs sur les pistes cyclables et gênant la circulation.

Sur mon trajet aujourd’hui, les policiers verbalisaient les vélos devant le Musée d’Orsay. Du côté des voitures et motos, c’était l’impunité totale.

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À peine arrivé, direction les vestiaires pour se mettre en tenue. Et échauffement. Pour moi qui viens de faire 50 minutes de vélo, c’est toujours très éreintant. Mais comme il s’agit de ma seule activité sportive cette semaine – je n’ai pas été courir -, je tiens bon et me dis que j’aurais un jour le corps de She Hulk. hu hu

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Après l’entraînement, on va manger avec les plus motivés. J’écoute les histoires qui se racontent, fais rire et essaie d’être de bon conseil quand il s’agit de peines de coeur. J’ai bientôt 40 ans et certains commencent à peine leurs vies amoureuses. À quoi me serviraient toutes mes gamelles sentimentales si je ne partageais pas un peu de mon expérience ? #pédérité

J’aime beaucoup les garçons du volley. Leur bienveillance et leurs hugs. Je m’étais longtemps fermé à tout cela.

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En rentrant, vers une heure du matin, après avoir bien fait attention tout le long du trajet, j’ai relâché ma vigilance un quart de seconde sur la piste cyclable ultra sécurisée du pont qui me ramène chez moi. Mon vélo s’est pris le garde-corps et le choc m’a projeté en avant. Le guidon m’a violemment tapé le ventre et je me suis retrouvé au sol, me cognant la tête à l’arrière.

Je suis resté là une seconde ou deux ne sachant pas si j’avais envie de vomir ou si je n’arrivais tout simplement plus à respirer suite au choc à l’abdomen. Ma tête, elle, ayant été protégée par le casque.

Je me suis relevé, ai réajusté mon guidon et suis rentré tranquillement.

Plus tard, il m’était impossible de réussir à trouver le sommeil tant je visualisais la scène et ce qui aurait pu se passer. À savoir, moi passant par dessus le garde-corps du pont et tombant dans la Seine à 1h du matin alors que l’endroit était désert.

Journal de Bord Éternel, Kévin Bacon

05·10·2022

Kévin Bacon m’a chargé de poster une copie de son arrêt maladie d’Août dernier. L’assurance maladie prétend ne pas l’avoir reçu – alors que je me suis personnellement chargé de le déposer à la poste.

Je me suis fendu d’une lettre à ajouter au document et ai glissé le tout dans la boîte de dépôt de la Poste.

Le soir venu, je lui ai fait lire ce que j’avais écrit. Oui, je suis toujours très fier des courriers que j’envoie.

Manque de chance, comme toujours, Susan Mayer a fait une boulette. J’ai écrit que j’envoyais une copie du feuillet employeur alors que j’envoyais la copie du feuillet bien réservé à l’assurance maladie.

Alors ça ne paraît pas être la plus grosse des bourdes mais connaissant les administrations, la personne recevant le courrier s’arrêtera à ma boulette et jettera le document sans le vérifier en se disant que ce n’est pas ce qu’il fallait envoyer.

Non, je ne suis clairement pas le Mari d’intérieur parfait.

Journal de Bord Éternel, Kévin Bacon

04·10·2022

Gros chamboulement à l’appart. Ou comment essayer de caser dans la pièce à vivre : un espace séjour, un espace pour manger, un bureau, tous mes livres et toutes mes plantes…

J’y réfléchissais depuis un moment. Dessinant des plans dans ma tête. Décidant de quels meubles réutiliser. Le but était de permettre à Kévin Bacon d’avoir un espace de télétravail bien délimité mais me permettant aussi de profiter de la pièce. Sans avoir à ramper au sol à moitié nu pour ne pas me retrouver en arrière-plan de ses réunions en Visio.

Ça me prendra quelques jours mais ça en vaut la peine.

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J’ai finalement reçu les résultats de ma prise de sang. J’appréhendais bien évidemment le résultat concernant la Glycémie. Mais finalement c’est du côté du Cholestérol qu’il va falloir travailler.

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Hier j’ai pu revoir le film Signes de Night Shyamalan. J’aime bien ce film. La scène à la télé quand l’alien apparaît me donne toujours autant de frissons. Bon par contre, moi j’aurais fait assassiner le petit. Il est insupportable.

Journal de Bord Éternel, Les Garçons

01·10·2022

Je n’avais pas vu ce groupe d’ami.e.s depuis environ dix ans. On s’était perdu.e.s de vue à l’époque où leurs vies de famille commençaient.

Les amoureux post-lycée et leurs relations bien ancrées depuis des années. Les mariages qui se succédaient. L’arrivée des premiers enfants. Les soirées qui devenaient maintenant des dimanches après-midis. Tout cela à une époque où je commençais de mon côté à donner la priorité absolue à Kévin Bacon.

Je ne le voyais que le weekend. Ça a été notre fonctionnement jusqu’à l’année dernière. Et pendant très longtemps j’ai refusé la moindre invitation venant nous voler ce temps précieux.

Il n’y a eu ni heurts ni bagarre. À croire que je ne romps véritablement qu’avec mes amis gays. Nos chemins se sont simplement séparés jusqu’à ce rêve, l’an passé.

Invité à une soirée où je les retrouvais. C’était un signe. Comme toujours. Alors j’ai repris le contact. Je n’ai pas eu à donner d’explication sur mon absence. Juste à trouver des dates de disponibilité. Et après plusieurs tête-à-tête, nous avons réussi à tous nous réunir. Et c’était cool.

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Hier, un de mes amis du volley a vu une photo de moi et de Bradshaw sur Facebook et m’a demandé qui c’était. Je lui ai dit que c’était un ami avec lequel je n’étais plus en contact. Et en parcourant l’album des photos sur lesquelles je suis identifié, je peux dire que FB est le cimetière de toutes ces ruptures amireuses dont je parlais plus haut.

Amour Galactica, Les Garçons

♡ Baron Rouge

Il y a quelques jours, c’était l’anniversaire de Baron Rouge. L’occasion de repartager des photos de nous deux et d’égayer un peu nos timelines sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, cela fait trois ans qu’Il nous a quitté.

J’ai rencontré Baron Rouge le 12 janvier 2008 chez Adam, à l’occasion de l’un de ses fameux apéros Champagne-Cacahuètes. Plus jeune que moi d’environ deux ans, on avait l’impression qu’une décennie nous séparait. Comme nous étions des newbies dans le groupe, nous nous sommes un soir promis de veiller l’un sur l’autre. Pédérité

Jeune et mignon. Enjoué et profitant de la vie. Il était pour moi « Sunshine », le Justin de l’adaptation US de Queer As Folk. Il était libre et libéré et j’avais toujours l’impression qu’il vivait sa vie, là où je m’imposais sans cesse des restrictions, des limites. Avec moins d’inhibitions et/ou simplement plus de courage, Il réussissait à aller plus loin que moi dans ses relations avec les garçons et notamment les Garçons avec un G majuscule.

J’étais intouchable. Il était « à toucher ».

Je l’enviais beaucoup. Et je n’ai compris que récemment que ce sont mes propres blocages et cette pointe de jalousie qui m’ont amené, par moments, à le maintenir à distance.

En 2009, après un chagrin d’amour, Baron Rouge s’est invité un soir à la maison pour me réconforter. Et nous nous sommes fait un marathon « Will & Grace ». Il était venu avec un reste de vodka – il en avait toujours sur lui – et son parfum Le Mâle de Jean-Paul Gaultier.

Ils étaient très peu après ce Chagrin. Mais il en a fait partie. Et je ne l’oublierai jamais.

À sa soirée d’anniversaire, cette année-là, au fabuleux thème Extravaganza, je rencontrais par son intermédiaire celui qui allait, par une invitation anodine, me permettre de rejoindre un nouveau groupe de Garçons auquel Baron Rouge appartenait aussi…

Pendant un peu plus d’un an, nous nous verrons pratiquement tous les samedis soir à l’occasion de soirées déguisées toutes plus folles les unes que les autres, de détours au Tango et de soirées dans son appart proche de la rue des Rosiers, « le Vaisseau ». She Wolf de Shakira sera NOTRE chanson et on se brisera les côtes à tenter de la danser.

Il me préparera même un fabuleux diner de Saint Valentin en 2010. On décrétera aussi, un jour, Baron Rouge et Moi que dorénavant nous nous dirions bonjour en nous smackant, un peu comme dans les séries américaines.

Mais, peu à peu rongé par des rancœurs, jamais réellement satisfait de mes relations avec les Garçons et me sentant toujours seul même au milieu d’une foule, je quitterai le groupe brutalement un soir de Mars 2011 – Lui compris.

Des hauts et des bas finalement, quand on regarde notre histoire dans sa durée. Comme dans toute amitié. S’en est suivie une période où invités aux mêmes soirées, il restait dans la cuisine avec les fumeurs pour ne pas me croiser ou me snobait carrément quand il disait bonjour ou au revoir à tout le monde.

J’en souris volontiers aujourd’hui mais à l’époque c’était tellement violent que je me devais me répéter que c’était de ma faute pour ne pas craquer. Je ne pouvais pas ghoster une personne et lui demander de continuer à être polie avec moi.

Il m’a fallut plusieurs années pour récupérer les garçons de ce groupe auxquels je tenais le plus. Et par leur intermédiaire, à le récupérer Lui. Je découvrais, alors, avec ses mots et les leurs tout le mal que je leur avais fait en partant.

Une soirée d’Halloween à rattraper le temps perdu en 2014. Comme si rien n’avait changé. Il était toujours aussi Sunshine. Mais avec un travail et des préoccupations d’adultes. Et des histoires d’amour fraîches. Lui comme moi étions finalement bien loin de ce que nous étions lors de notre première rencontre.

De soirées en soirées, au gré des années, nous nous sommes vus grandir, vieillir et rester sur nos délires Karen Walker/Grace Adler. Il était Karen, alcoolique fêtarde recherchant des poissons dans la machine à laver d’une laverie – « where are the fish ? » – et j’étais Grace Adler, l’empotée pas très gâtée par la nature qui lui remettait les pieds sur terre.

Baroudeur dans l’âme. Il s’était décidé à quitter son travail pour voyager à nouveau. Je me demandais toujours comment il avait pu si longtemps rester dans cette logique métro-boulot-dodo, lui qui adorait découvrir le monde.

Et début 2019, adieu le travail boriiiiiiing comme il pouvait dire, et en route pour de nouvelles aventures au loin. Aventures que nous suivions tous sur Facebook et/ou sur son nouveau blog crée pour l’occasion.

Et après quelques mois, cet appel, un lundi matin en plein été. Baron Rouge était parti.

Franchement. Pouvait-il nous quitter autrement qu’au loin, lors d’un tour du monde fait de rencontres et de fêtes ? Non. C’était Lui tout craché. Jamais vieux, jamais rangé, jamais emprisonné par ces vies d’adultes auxquelles nous voulons tous échapper.

Je n’ai compris qu’à ce moment-là, l’ampleur de mes sentiments et de mon affection pour Lui. Mon pincement au cœur, le mélange d’un sourire quand je pense à nous deux et d’un noeud dans la gorge parce qu’il n’est plus là.

J’aurais aimé qu’on abandonne jamais ce smack sur la bouche pour nous dire bonjour – on a dû le faire trois fois à tout casser. J’aurais aimé mieux comprendre pourquoi j’ai pu être distant ou injuste avec Lui. J’aurais aimé lui offrir plus de temps et le voir plus souvent.

Mais telle a été notre Histoire. Et elle m’est précieuse.

Il ne vieillira jamais et restera l’éternel jeune et mignon Sunshine.
♡ Baron Rouge.

* en photo, la carte d’anniversaire que je lui ai écrite en 2015.