Psithurisme Nostalgique

Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

M17 – je recueille les noms des amants avec lesquels ça n’a pas marché.

Nos vies sont pleines d’histoires d’amour ou d’amitiés qui n’ont pas fonctionné. Il y a celles pour lesquelles nous gardons des regrets vinaigrés – ces regrets qui vous retournent le coeur comme lorsque l’on boit une gorgée de vinaigre blanc. Et celles qui vous laissent souriants, parfois embarrassés, levant les yeux au ciel en vous disant. Quelle idée !

Il y a ces crushes auxquels on repense maintenant. Honteusement. En se disant. Comment ai-je pu craquer sur lui ? Ceux que l’on avoue souvent en soirée un peu pompette ou juste pour se moquer un peu de soi.

Et il y a ces noms. Cette liste de garçons avec lesquels cela n’a pas marché. Ceux dont on garde les photos dans une boîte. Bien en évidence. Mais que l’on ouvre pas. Ceux qui ont compté. Et pour lesquels cela s’est terminé à tort ou à raison.

Ceux que l’on a perdu de vue mais pas de coeur. Ceux sur lesquels on veille de loin. Ceux sur lesquels on écrit mais desquels on ne parle pas.

Ceux auxquels on pensera toujours.

Psithurisme Nostalgique

M14 – L’art de se dévorer des yeux.

Je n’ai peur de rien. Et quand je remarque qu’un garçon me mange du regard. Je ne me laisse pas faire. Et j’accepte le défi.

Et même si je ne joue pas pour gagner – j’ai déjà tout ce qu’il faut. Je refuse de perdre.

Mes trajets en métro m’ont permis de parfaire mes techniques. D’aiguiser mon regard. Et de soigner ma stratégie. Et plus un garçon est mignon, plus je vais le faire transpirer. Et si vous souhaitez qu’un garçon soit à vos pieds. Voici la technique.

Il faut le mater une première fois.

En général, le garçon détourne timidement le regard avant de revenir vers vous. Là, soutenez-le une fois. Avant de complètement l’ignorer.

Ça. Les beaux garçons qui savent qu’ils sont beaux-garçons, ils n’aiment pas du tout. Vraiment pas du tout. Alors ils persévèrent. Et les voilà scotchés. En attente d’un nouvel échange.

Quand vous avez bien fait monter la pression en ne le calculant plus. Reprenez.

S’il est toujours en suspens à vous observer. Souriez-lui. Vous avez gagné.

Psithurisme Nostalgique

M12 – Le nouveau luxe c’est d’être hors-ligne.

Il est loin le temps où je pouvais être présent sur les réseaux sociaux en permanence.

C’était un luxe les réseaux sociaux. Celui de s’exprimer. Celui de garder le contact avec tout le monde. Celui de dire en un tweet que je me trouvais au Starbucks de la rue des Archives et de voir dans la minute qui suit y débarquer des gens que j’adorais.

Il serait inconcevable pour moi aujourd’hui de refaire la même chose.

Je suis sur Facebook et Twitter depuis 2007. TumblR depuis 2009. Et Instagram depuis 2011.

C’était cool. On était peu. Les interactions étaient différentes. On partageait pour partager. Non pour exister. Il y avait un côté Petite Communauté.

Chaque plateforme avait, à sa création, sa spécificité stricte. Les status sur Facebook, les 140 caractères maxi (et sans likes) de Twitter, les images et le fan service sur TumblR et les photos perso sur Instagram – très souvent des photos de bouffe.

On parlait alors de microblogging.

Puis de micro, les réseaux sociaux sont devenus envahissants. Transformés. C’était la course à qui attirerait le plus de nouvelles personnes avec des fonctionnalités dont on avait pas besoin. Et à qui réussirait à noyer les nouveaux arrivants dans un océan d’égos hurlant pour exister.

Les plateformes allaient continuer à muter jusqu’à ne plus rien à voir avec ce qu’elles étaient à l’origine.

Aujourd’hui, on peut acheter sur Facebook. Poster des stories sur Twitter. Créer sa boutique sur Instagram. Et se faire virer de TumblR pour du porno.

Dans le même temps, on est soumis aux effets secondaires. Les histoires à répétitions. La violence. Les m’as-tu-vu. Les trolls. Les plagiaires. Les mauvaises personnes. Les usurpateurs. Les pubs. La censure. Le commerce…

Nous n’étions pas tous armés à déceler le vrai du faux, le pathologique dans la mise en avant, le vide dans l’abondance. Certains espèrent encore voir dans leur écran un reflet du réel, du vrai.

Mais il n’y a plus réellement d’authentique.

Et peu à peu. Par période. De plus en plus de personnes ont eu besoin de se déconnecter. Quelques jours, parfois quelques mois. Certaines ne revenant même plus.

Dans notre recherche de réalité. On s’est rendu compte que le vrai luxe était d’être hors-ligne. De ranger son téléphone quand on était à table. De profiter du moment présent. Des gens présents.

Je serai toujours nostalgique de ce que les réseaux étaient avant. Mais aujourd’hui, comme pour le Travail, j’y fais valoir mon droit à la déconnexion. Je n’y vois plus de magie. Ce sont des simples outils. Et je n’y suis personne.

Nous sommes alors arrivés aux Roseaux Soucieux.

Psithurisme Nostalgique

M10 – Mon poids idéal, c’est ton corps sur le mien.

J’ai toujours aimé ça. Sentir le poids d’un garçon sur moi.

J’avais déjà expliqué ici, que plus jeune, je fantasmais sur un oncle lointain. Et que la simple idée qu’il s’allonge sur moi m’excitait énormément.

Et effectivement. Mon poids idéal, c’est ton corps sur le mien. Et le plus lourd, le meilleur.

Parfois, j’ai juste envie de lui demander. Allonge-toi simplement sur moi. Rien que cela.

Mais il connait le piège maintenant…

Kévin Bacon, Les Garçons, Psithurisme Nostalgique

M09 – Peut-on s’enlacer et voir qui bandera en premier ?

Dans les faits, c’est un jeu qui peut être amusant. On s’enlace et on voit qui réagit en premier. Cela pourrait même remplacer le jeu de la bouteille qui tourne. Ou celui dans lequel on doit s’enfermer à deux dans un placard pendant que d’autres chronomètrent.

Mais en réalité, c’est un cauchemar pour moi.

Je fais partie des garçons à l’érection facile. Ce qui pourrait être vu comme quelque chose de positif, m’a cependant conduit, moi, à complexer et à redouter toute interaction avec un garçon qui n’est pas mon petit copain.

J’ai toujours été comme ça. Une machine à érection. Ma vie est faite de moments quelconques – comprendre simples accolades amicales, où j’ai enlacé des garçons et réagi. Alors qu’eux, non. Et cela m’a très tôt amené à considérer que c’était anormal et gênant. A éviter, donc.

C’est pourquoi, alors qu’il y a encore quelques années j’étais du style très câlin, j’ai fini par limiter mes interactions physiques rapprochées à Kévin Bacon et je suis devenu une pierre avec les autres garçons. Repoussant autant que possible toute proximité.

Quand bien même il s’agissait d’une réaction naturelle, d’un réflexe mécanique ou d’un manque de concentration, je ne pouvais plus laisser mon corps me trahir.

Comme pour mes émotions que je tente de toujours maîtriser, le control freak que je suis a décidé que je ne devais plus jamais me faire avoir par mon corps.

Notamment quand certains garçons jouent au jeu du Enlaçons-nous pour voir qui bandera en premier sans te prévenir. Tu penses innocemment que le garçon n’y a pas prêté attention ou qu’il ne s’est pas imaginé des trucs.

Jusqu’au détour d’une conversation ou d’un message, où il te le rappelle quelques fois longtemps après. Et tu comprends que tu t’étais fait avoir.

L’un d’entre eux m’avait d’ailleurs carrément envoyé ce meme avec comme message « tu te rappelles ? ».

Et je me demande du coup qui est le plus vicieux des deux. Celui qui ne contrôle pas son érection ou celui qui avait une idée derrière la tête.

Je n’ai jamais joué à ce jeu.

Mais je me souviens néanmoins qu’une fois c’était arrivé à quelqu’un d’autre qu’à moi. Un ami encore plus control freak.

Juste après ma dernière rupture. Il m’avait proposé de dormir chez lui. Alors qu’il était dans mon dos, à me consoler, j’avais pu le sentir. Gêné, Il s’était rapidement excusé.

Mais, moi. J’étais tellement content.

C’était la première fois que cela arrivait à quelqu’un d’autre qu’à moi depuis ce moment. (petits amis exclus) Et ça m’avait rassuré.

Je n’étais pas le seul.

Psithurisme Nostalgique

M07 – Rien à se mettre.

Une armoire pleine à craquer. Des tiroirs qui débordent. Une penderie qui s’écroule sous le poids des manteaux. Des fringues partout dans l’appart. Plein de couleurs. De coupes différentes. De styles différents.

Mais. Rien à se mettre.

Un jour, j’ai ouvert le placard de C. Il y avait 4 chemises. Deux pantalons. Deux paires de chaussures. Deux pulls. Le tout dans des couleurs neutres. Du blanc. Du noir. Du gris. Du bleu marine. Et du marron.

J’avais été choqué. Un placard de tueur en série.

Mais il était toujours beau et élégant. Sans faux pas. En musique, on aurait dit qu’il était juste. Et, qu’à l’inverse. Moi. Je pourrais « chanter » faux.

Des fois. J’ai cette envie. Celle d’attraper toutes mes affaires et de les soumettre à la méthode de Marie Kondo. Pour ne garder que celles qui provoquent une étincelle dans mon coeur.

Mais je sais depuis cette erreur que je ne dois surtout pas me laisser aller à une impulsion.

2020 a été une sacrée alliée en ce qui concerne ma frénésie de vêtements. Confiné, je n’avais aucun besoin ni envie de nouvelles choses – j’ai passé trois mois en sous-vêtements entre mars et juin puis à nouveau depuis fin septembre.

Egalement. Le fait que toutes les marques auxquelles j’étais habitué se trouvent sur la liste de celles qui exploitent les Ouighours. Un cas de conscience personnel sur l’impact de la Fast-Fashion sur l’écologie. Et une remise en cause naissante de ce besoin de « posséder ».

Tout cela m’a permis de freiner ma course au « j’achète ».

Il m’arrive encore de me faire plaisir mais c’est moindre qu’avant.

Je sais que le « Rien à se mettre » vient de l’amalgame très profond chez moi de deux facteurs aggravants. Le caractère « cigale » hérité de mon père qui s’achetait des vinyles en sortant du travail, et mon besoin lamentable d’être bien habillé pour compenser le fait que je me trouve quelconque.

Et l’on peut, je crois, également remercier Fran Fine qui n’a jamais mis deux fois la même tenue en six saisons.